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POLITIQUE

Mali: les médiateurs indignés par les nominations au ministère de la Réconciliation

Après la nomination de nombreux militaires à la tête des régions, les nominations de Marcelin Guenguere, chef de cabinet, et de Sékou Allaye Bolly, chargé de mission, au sein du ministère de la Réconciliation nationale font polémique.

Une « erreur monumentale ». Pour cet associatif malien engagé dans les médiations intercommunautaires depuis des années, Marcelin Guenguere et Sékou Allaye Bolly ne sont « pas les personnes qu’il faut » au ministère de la Réconciliation nationale. Notamment car Marcelin Guenguere est l’ancien porte-parole de la milice dogon Dan Na Amassagou, impliquée dans de nombreuses attaques sanglantes dans le centre du pays.

L’organisation est accusée par la communauté peule, un rapport d’experts des Nations unies et des associations de défense des droits humains de suppléer l’armée malienne et de se livrer à des exécutions de civils. Accusations rejetées par Dan Na Amassagou, qui a pourtant été officiellement dissoute l’année dernière par le gouvernement malien. Rejetée par la milice, cette annonce n’a jamais été suivie d’effet.

« Ils sont très mal placés pour réconcilier les communautés »

Élu député de Koro, dans la région de Mopti, en avril dernier, Marcelin Guenguere a marqué les esprits par sa rhétorique ultra-violente dans des discours prononcés pendant sa campagne électorale ou, plus tard, au sein même de l’hémicycle, en particulier à l’égard des Peuls.

Un chercheur spécialiste des conflits intercommunautaires rappelle toutefois l’engagement de Marcelin Guenguere, à l’été 2019, lorsqu’il avait pris position contre l’aile militaire de sa milice, pour la signature d’un accord de paix entre groupes armés peuls et dogons dans le Macina.

Quant à Sékou Allaye Bolly, homme d’affaires, il s’est fait connaître en tentant d’inciter les jeunes jihadistes peuls du Centre à déposer les armes. Parmi les nombreux chercheurs et médiateurs maliens interrogés, certains le décrivent comme un milicien, d’autres comme un simple instrument des autorités. Tous estiment en tout cas que sa parole pèse peu au sein de la communauté peule, et encore moins chez les combattants, qu’ils soient jihadistes ou miliciens.

Le mois dernier, le Colonel Ismaël Wagué, l’un des auteurs du Coup d’État du mois d’août dernier, s’était déjà vu confier le portefeuille de la Réconciliation nationale. « Ce ministère est aujourd’hui géré par des militaires et des miliciens qui sont partie au conflit, résume un médiateur du centre du Mali. Ils sont donc très mal placés pour réconcilier les communautés. »

 

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