Léon Mba voulait faire de son pays un département français. Le président De Gaulle a refusé ouvrant la voie à l’indépendance. Mais Libreville est depuis restée proche de Paris. Au point que le Gabon est parfois vu comme un pilier de la Françafrique, ce système opaque de gestion de l’ancien empire colonial français en Afrique. Mais depuis l’arrivée d’Ali Bongo, en 2009, la France semble davantage en retrait.
La relation de proximité entre feu Omar Bongo et les présidents français a connu « de part et d’autres quelques dérives », admet l’ambassadeur gabonais à Paris. Mais c’est terminé, affirme Flavien Enongoué, joint par Vincent Dublange du service Afrique de RFI.
« Depuis trois ans que je suis ici, je n’ai pas été témoin de ce qu’on a pu vivre par le passé » parce que le Gabon a « diversifié ses partenaires », explique le diplomate. « La France reste un partenaire stratégique mais n’est plus notre premier partenaire économique ».
La Chine a pris sa place. Paris a perdu de sa superbe à Libreville, c’est le constat également fait par Marc Ona Essangui. Avec une nuance de taille selon l’activiste. « La Françafrique économique tend à changer de figure, par contre la Françafrique politique est restée la même. Toujours aussi présente, toujours aussi prompte à défendre les intérêts de la famille Bongo depuis cinquante ans. »
L’ambassadeur Enongoué ne partage pas cet avis. Il ne voit pas très bien, dit-il, « ce que Françafrique signifie ». Il ne voit que l’adaptation du Gabon aux nouvelles règles du jeu mondial. « Elles n’étaient pas les mêmes il y a 60 ans. »