Le Malawi reprend ce mardi 23 juin le chemin des urnes pour une répétition de l’élection présidentielle, quelques mois seulement après l’annulation des résultats par la justice pour cause de fraude. Les deux principaux candidats – le président sortant Peter Mutharika et son rival Lazarus Chakwera – vont donc s’affronter de nouveau.
En mai 2019, le président Peter Mutharika est réélu pour un second mandat, avec tout juste 159 000 voix d’avance sur son principal rival Lazarus Chakwera. Le scrutin est marqué par de nombreuses irrégularités comme l’utilisation massive de blanc correcteur et des ratures sur les bulletins.
L’opposition saisit la justice qui, après des mois de tension, de manifestations et de violences annule la réélection du président Mutharika pour cause de fraudes et ordonne un nouveau scrutin dans les cinq mois. Le président Mutharika dénonce alors un coup d’Etat judiciaire mais doit se plier à la décision de justice.
Les deux adversaire vont donc à nouveau s’affronter dans les urnes ce mardi, du jamais-vu dans le pays.
Pour Mustapha Hussein, analyste politique à l’Université du Malawi, ce nouveau scrutin est un signe de l’indépendance de la justice et un signe de bonne augure pour la démocratie, non seulement au Malawi mais aussi sur tout le continent :
« C’est sans précédent parce que personne ne s’attendait à ce qu’une cour de justice puisse annuler les résultats d’une élection présidentielle. Tout le monde se disait qu’une fois que le président a prêté serment, on ne pouvait plus revenir en arrière. Or, contre toute attente, c’est arrivé. Je ne connais qu’un seul autre exemple, le Kenya, où l’élection de 2017 a été invalidée et le pays a dû organiser un nouveau scrutin. C’est inédit dans notre pays et cela montre l’indépendance de la justice. Le fait qu’il y ait eu deux cas est également important parce que cela crée un précédent sur le continent et indique une avancée de la démocratie. Je suis sûr que les pays vont désormais devoir faire plus attention à la façon dont se déroulent leurs élections, car la justice peut être saisie si un scrutin n’est pas conduit dans les règles. Je pense réellement que ce qui se passe au Malawi va inspirer d’autres pays. »