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Guinée-Bissau: l’inquiétude des paysans face au coronavirus

La Guinée-Bissau a franchi les 50 cas recensés, tous de contagion communautaire. Les autorités ont décrété pour la deuxième fois un état d’urgence de 15 jours. Cette situation agace les Bissau-Guinéens qui vivent au jour le jour. Les paysans sont inquiets, avec leurs noix de cajou qu’ils ne peuvent pas écouler. Les Indiens, acheteurs potentiels, sont bloqués chez eux par les mesures restrictives liées à la lutte contre le coronavirus. Et les opérateurs économiques locaux sont sans argent.

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Avec notre correspondant à Bissau, Allen Yéro Embalo

Joaquim et Sambicté vivent dans leur plantation d’anacardier, à 35 km de Bissau. La saison dernière les noix de cajou leur avaient rapporté 2 millions CFA (environ 3 000 euros). Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Cette année les récoltes promettaient d’être excellentes, mais le coronavirus est en train de transformer le rêve de cette famille en cauchemar.

Joaquim est inquiet. Aucun grain de riz dans son grenier et pourtant son magasin est plein de noix de cajou. « Nous avons suffisamment de noix de cajou, mais nous risquons de ne pas pouvoir les écouler, faute d’acheteurs. Et jusqu’à quand cela va durer ? »

Son épouse Sambicté et leurs trois enfants, ont trouvé une autre solution : transformer le jus de cajou en rhum très prisé en ce moment. Les pommes de cajou sont versées dans un pétrin en forme de pirogue et à l’aide de pilons ils pilent et pressent. Le jus coule à flot dans des bidons soigneusement rangés.

Les commerçants locaux sont tous confinés chez eux. Les frontières sont fermées les acheteurs indiens sont eux aussi bloqués dans leur pays à cause du coronavirus.« Nous ne pouvons pas rester les bras croisés jusqu’en mai. Nous voulons que l’Etat soit en première ligne. Il doit ceindre les reins et ne rien attendre du ciel », a déclaré Mama Yéro Jamanca président des l’Association des exportateurs de noix de cajou.

La Guinée-Bissau exporte chaque année environ 200 000 tonnes de noix brute essentiellement vers l’Inde. L’Etat empoche pour cela 70 à 80 millions de dollars, le tiers de son budget annuel.

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