LE JOURNAL.AFRICA
SÉCURITÉ

Confinement: la police et l’armée sud-africaines mises en cause dans des violences

L’Afrique du Sud est le pays le plus touché sur le continent par le coronavirus avec 1 353 personnes testées positives, et déjà cinq morts. Pour faire appliquer le confinement national, près de 20 000 policiers et soldats ont été déployés.

Publicité
De notre correspondante en Afrique du Sud, En Afrique du Sud, les vidéos d’abus se multiplient sur les réseaux sociaux depuis le début du confinement. Sur l’une d’entre elles, des policiers et des soldats obligent un homme à faire des pompes dans la rue, ou un autre à avancer en position accroupie sur le trottoir, sous les rires des témoins. Des exercices physiques humiliants, pour punir le non-respect des règles du confinement.
Sur d’autres images, à Johannesburg et au Cap, les forces de l’ordre font usage de balles en caoutchouc ou de canon à eau pour disperser des foules regroupées autour de supermarchés. Des citoyens sont aussi frappés, après avoir refusé d’obtempérer à leurs ordres. Enfin, dans le centre du pays, la dispersion d’une manifestation de travailleurs d’un hôpital contre le coût des transports a fait deux blessés parmi les infirmières.  ► À lire aussi : Coronavirus : la police et l’armée dans les rues en Afrique du Sud De mauvais souvenirs Le porte-parole de la police a condamné ces violences, tout comme la ministre de la Défense, qui demande aux soldats de cesser d’utiliser « toute force excessive, quel que soit le niveau de provocation ». De plus, des enquêtes ont été ouvertes autour de trois morts suspectes aux mains de la police, soit presque autant que le  nombre de morts des suites du coronavirus dans le pays. De telles images rappellent de mauvais souvenirs aux citoyens, qui entretiennent une histoire compliquée avec leurs forces de l’ordre. Dans les townships, les quartiers où les populations noires ont été déplacées de force sous l’apartheid, la vue des uniformes, de l’armée comme de la police, rappelle aux plus anciennes générations les brimades et la terreur sous ce régme, notamment sous l’état d’urgence dans les années 1980. Le symbole de cette époque, le sjambock, une sorte de long fouet, se trouve encore à la ceinture des policiers aujourd’hui. Et ils en font parfois usage pour punir les récalcitrants durant ce confinement. En treillis militaire, le chef de l’État, Cyril Ramaphosa, a pourtant tenté de rappeler avant le début du confinement que cette fois-ci, c’est toute la population qui se bat contre un ennemi invisible, et que l’armée doit se comporter comme « une force de bonté ». Une consigne qui n'est donc pas toujours suivie. Tolérance zéro Les mesures décidées par le gouvernement de Cyril Ramaphosa sont finalement très strictes, et compliquées à mettre en place. Le ministre de la Police, Bheki Cele, prône même une tolérance zéro pour tenter d’endiguer l’épidémie : pas d’alcool, de vente de cigarettes ou de sorties sportives. Et quiconque tente de contourner les règles s’expose à des amendes et à six mois de prison. Mais le manque de clarté de certaines mesures laisse parfois perplexe. Des commerçants ont été forcés par des patrouilles à fermer leurs petits magasins de quartier, alors que le président a autorisé leur ouverture pour vendre des produits essentiels. Si la population s’est montrée plutôt compréhensive vis-à-vis des contrôles jusqu’à présent, il est difficile de respecter ce confinement total dans les bidonvilles surpeuplés et en manque de nourriture. Ces zones connaissent pourtant leurs premiers cas positifs ces derniers jours, ce qui laisse craindre une expansion du virus auprès de ces populations vulnérables.

NewsletterAvec la Newsletter Quotidienne, retrouvez les infos à la une directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Continuer la lecture de cet article sur RFI AFRIQUE

Articles similaires

Beni : craignant pour leur sécurité, certains enseignants de Rwenzori ne dispensent pas les cours

OKAPI CONGO

Tanganyika : 16 morts et 5 blessés dans un accident de circulation à Kalemie

OKAPI CONGO

En Afrique, «l’État islamique possède une base fiscale qui permet de tenir»

RFI AFRIQUE
Verified by MonsterInsights