Emmanuel Macron a évoqué le risque d’escalade militaire en Libye par téléphone avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. La Turquie envisage une intervention militaire directe en soutien au Gouvernement d’union national de Fayez-al-Sarraj alors que la Russie continue de soutenir les forces du Maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen.
Emmanuel Macron et Abdel Fattah al-Sissi appellent « l’ensemble des acteurs internationaux et libyens à la plus grande retenue ». Si les présidents français et égyptien souhaitent qu’un accord politique soit trouvé et que la Libye retrouve « sa pleine souveraineté », cela doit se faire dans le cadre des Nations unies, selon les deux chefs d’État.
Cette communication intervient alors que le président Erdogan affiche son ouverture à une intervention directe en Libye. Le Parlement turc doit se prononcer dès le 7 janvier sur l’envoi de troupes pour soutenir les forces de Tripoli.
Fin novembre, la Turquie a signé deux accords avec le GNA de Fayez al-Sarraj. L’un porte sur la coopération militaire et l’aide que la Turquie pourrait apporter au GNA dans sa lutte contre les troupes du maréchal Haftar. Et le second porte sur la souveraineté maritime.
L’ONU sinquiète
Lors de leur échange téléphonique les deux présidents français et égyptien ont pointé du doigt l’accord sur la souveraineté maritime. Il permet à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, dans des zones revendiquées par la Grèce. Un accord « contraire au droit de la mer », soulignent Emmanuel Macron et Abdel Fattah al-Sissi.
Cet appel à la retenue est lancé alors que Ghassan Salamé, chef de la médiation onusienne sur la Libye, s’inquiète, dans une interview au journal Le Monde. « Nous sommes face à un problème d’une gravité sérieuse », a déclaré le représentant de l’ONU qui rappelle que le Conseil de sécurité ne parvient pas pour l’instant à trouver une issue et à faire respecter l’embargo sur la livraison d’armes à la Libye. Des ingérences étrangères toujours plus fortes qui, selon Ghassan Salamé, mettent en jeu la crédibilité des Nations unies.
La Ligue arabe tient mardi à la demande du Caire une réunion urgente sur la situation en Libye, a annoncé lundi l’organisation panarabe, basée dans la capitale égyptienne.