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Maroc: le journaliste Omar Radi incarcéré à Casablanca pour outrage à magistrat

Le journaliste et militant des droits humains Omar Radi a été placé en détention provisoire jeudi 26 décembre. Ce jeune homme de 33 ans est une figure connue du mouvement du 20 février, qui dans la vague des printemps arabes avait poussé les autorités à changer la Constitution et convoquer des élections. Le procureur a décidé de le poursuivre pour « outrage à magistrat », suite à un tweet dénonçant une décision de justice. 

Omar Radi se trouve désormais à la prison de Casablanca, sur ordre du tribunal de première instance d’Aïn Sebaa. Il est poursuivi en vertu de l’article 263 du code pénal, qui réprime l’outrage à magistrats. En l’occurrence, ce qu’on lui reproche, c’est un tweet d’avril dernier, dénonçant la confirmation par un juge d’appel, de peines allant jusqu’à 20 ans de prison pour 42 membres du Hirak marocain, ce mouvement de contestation sociale qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017.

Dans son tweet, Omar Radi fustigeait le juge ayant rendu cette décision, l’appelant -« bourreau de nos frères » et concluant « Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ». 

La police judiciaire l’avait déjà entendu une première fois, en avril, et l’avait questionné sur le sens précis de son tweet. Elle n’avait évoqué aucune suite dans l’immédiat.

Mais le procureur a décidé de reprendre la procédure cette semaine, de le convoquer puis de le placer en détention provisoire jusqu’à la prochaine audience. Une détention provisoire qui a fait l’objet d’un appel de ses avocats ce vendredi 27 décembre au matin. L’appel a a été rejeté par le tribunal de première instance de Casablanca. La prochaine audience a été fixée au 2 janvier.

Plusieurs ONG ont dénoncé cette incarcération ce vendredi dont Reporters sans frontières qui a appelé à sa libération immédiate et qui a exhorté « les autorités marocaines à abroger tous les articles du Code pénal applicables à la liberté d’expression et d’information ».

Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), ainsi que plusieurs intellectuels marocains et figures des droits humains ont aussi condamné l’arrestation d’Omar Radi, et un groupe de soutien a vu le jour.

Ce qui m’étonne, c’est qu’il y ait éventuellement un retour en arrière par rapport au vent positif qui a été déclenché dans le pays depuis une vingtaine d’années. Nous ressentons un resserrement de vis…

Omar Benjelloun, avocat d’Omar Radi
27-12-2019 – Par RFI

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