Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien, l’EPRDF, la coalition politique au pouvoir en Éthiopie depuis 1991, a été dissoute. C’est la Commission électorale nationale qui l’a entériné mercredi 25 décembre, annonçant du même coup la naissance d’un nouveau parti voulu par le Premier ministre Abiy Ahmed, le Parti de la Prospérité.
Un nouveau nom, un nouveau logo -trois figures multicolores entre des mains ouvertes -, et voilà donc l’EPRDF remplacé par le Parti de la Prospérité. Ce parti est une fusion de 8 des 9 partis régionaux qui formaient auparavant la coalition gouvernant l’État fédéral. Mais l’un d’eux, celui qui avait fondé l’EPRDF dans le maquis à la fin des années 80, a refusé cette manœuvre: c’est le Front de libération du peuple du Tigré, le parti historique de l’ancien Premier ministre Meles Zenawi, qui a dominé le jeu politique pendant près de 30 ans.
« Conscience ethnique… »
Tous les autres partis ont joué le jeu de la fusion voulue par Abiy Ahmed. Le projet du Premier ministre est de sortir le débat politique de la revendication nationaliste et de proposer aux électeurs un projet unificateur pour le pays.
Mais pour les opposants à la fusion, il s’agit plutôt de revenir à l’hégémonie des anciens empereurs d’Ethiopie et de démanteler le fragile équilibre ethnique de la fédération éthiopienne.
Pour le professeur de droit Awol Allo par exemple, « la conscience ethnique » détenant en Ethiopie « un pouvoir explicatif important », le risque est de nourrir encore plus les revendications nationalistes et, peut-être aussi, de perdre les élections.