LE JOURNAL.AFRICA
CULTURE LITTERATURE

La littérature, ferment des indépendances africaines

En 1960, il y a six décennies, 17 pays africains accédaient à l’indépendance. Les écrivains et les intellectuels furent les ferments des mouvements qui ont conduit à ces émancipations. Retour sur un siècle de lettres africaines, de langue française et leurs liaisons complexes avec la société et la politique.

« Quand on fait le bilan des indépendances, le seul élément de fierté que nous puissions avoir, c’est notre littérature », aime dire le critique littéraire Boniface Mongo-Mboussa. Un constat qui fait l’unanimité parmi les éditeurs et les observateurs des lettres africaines. Cette fierté est pleinement justifiée, selon Jean-Noël Schifano, directeur de la prestigieuse collection « Continents noirs » aux éditions Gallimard. « Continents noirs » fêtera en 2020 ses 20 ans d’existence avec à son actif une foultitude de découvertes prestigieuses qui vont de la Mauricienne Nathacha Appanah à la Rwandaise Scholastique Mukasonga, en passant par Aminata Haïdara, Théo Ananissoh, Ousmane Diarra, Libar Fofana, Kofi Kwawuleh, pour ne citer que ceux-là. Pour Jean-Noël Schifano, la littérature africaine est « une pointe de diamant de la littérature universelle ». L’éditeur s’appuie sur la qualité et l’inventivité des auteurs de sa collection pour justifier sa fierté d’avoir publié 51 auteurs en l’espace de deux décennies. « Je publierai le 120e ouvrage pour les 20 ans de la collection : c’est un enthousiasme qui continue », ajoute-t-il. La décolonisation des esprits La littérature africaine est aujourd’hui centenaire. L’ancienneté de sa tradition n’est sans doute pas étrangère au succès d’estime qu’elle connaît et à l’enthousiasme qu’elle suscite. En 2021, on célèbrera le centenaire de l’attribution du prix Goncourt à Batouala (Albin Michel) de René Maran, qui portait le sous-titre «  véritable roman nègre ». Ce roman sous la plume d’un haut fonctionnaire colonial franco-guyanais en poste à Oubangui-Chari, l’actuelle Centrafrique, marque le début de la littérature africaine francophone. Batouala est le premier roman qui donne aux Africains le soin de parler de l’Afrique. C’est une parole critique, qui dénonce l’exploitation coloniale et la sous-humanisation du colonisé. Ce roman préfigure le mouvement de la Négritude. Ce mouvement théorique et poétique naît dans les années 1930. En redonnant sa dignité à l’homme noir, Il prépare les indépendances survenues dans les années 1960 pour de nombreux pays du continent. Or, « cette renaissance sera moins le fait des politiques que des écrivains et des artistes nègres », disait Senghor. Une affirmation que contextualise Jacques Chevrier (1), ancien professeur à la Sorbonne de littératures africaines : « Ce mouvement des intellectuels et des écrivains a joué un rôle important dans la prise de conscience identitaire de l’homme africain. Les écrivains ont pris la parole et ont défini la perspective qui était la leur à l’époque. C’était une perspective de décolonisation matérielle et...   

Continuer la lecture de cet article sur RFI AFRIQUE

Articles similaires

Ateliers de la pensée: quand Dakar répare le passé et prépare l’avenir

RFI AFRIQUE

Festival Amani : un stand pour recevoir des dons en faveur des victimes des massacres de Beni

OKAPI CONGO

Burundi : Anne-Marie Irahambaye a remporté le prix « AGAHOGO 2019 »

LE JOURNAL.AFRICA
Verified by MonsterInsights