Au Sénégal, la centrale à charbon de Bargny, à 35 kilomètres de Dakar, va-t-elle fermer ? A en croire beaucoup de Sénégalais sur les réseaux sociaux, le président Macky Sall a décidé la fermeture de cette centrale controversée. Problème: cette information est en fait une fausse nouvelle.
Une infox ! Cette information erronée s’est propagée la semaine dernière sur le réseau social Twitter. Tout commence mardi soir. Le compte des Jeunes volontaires pour l’environnement, un compte militant contre la centrale à charbon publie un tweet: « Le Sénégal annule officiellement sa controversée centrale à charbon de Bargny », dit le message. Ajoutant que le président du Sénégal Macky Sall lui-même avait annoncé la nouvelle conformément aux engagements du pays dans le cadre de l’Accord de Paris.
Une info, pas de source…
Ce sont les mots utilisés par l’association. Immédiatement, le tweet est repris, il piège une grande partie de la presse sénégalaise qui exploite l’information. Beaucoup d’internautes se réjouissent, comme Fary Ndao, spécialiste des énergies dans le pays qui se dit « ému » que l’État renonce à la centrale. L’information a tout pour être crédible. Sauf que cette nouvelle n’est pas sourcée…
Ce soir-là, il n’y a eu aucune annonce, aucun communiqué de la part de la présidence comme cela devrait être le cas pour une annonce si importante. En fait, en remontant aux racines de cette infox, on s’aperçoit que tout part d’un étrange communiqué d’une ONG, 350 point.org, une organisation sérieuse. Et effectivement dans ce communiqué, qui est la source du premier tweet, une décision présidentielle est évoquée, sans date, sans source, sans contexte. En l’absence de ces éléments, les voyants sont au rouge
La population de Bargny mobilisée
D’autant que la semaine dernière, tout le gouvernement était en voyage à Assouan en Egypte, et un coup de fil au ministère du Pétrole et des Énergies confirme que cette fermeture n’a pas été évoquée par le président. C’est donc bel et bien une infox.
La centrale à charbon de Bargny, est une infrastructure qui fait polémique depuis son lancement il y a deux ans. Pour produire de l’électricité, la centrale utilise du charbon chargé en produits toxiques. Les habitants se sont mobilisés en vain pour en demander la fermeture. Ce qui est sûr, c’est que le site de production devrait passer au gaz dans les prochaines années. Mais cela ne signifie pas l’arrêt de cette centrale. A la suite de plusieurs démentis, l’ONG 350.org a corrigé son communiqué.