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La dixième édition du concours «Slam national» s’achève à Madagascar

Après une semaine d’épreuves éliminatoires, la grande finale de la dixième édition du grand concours national de slam de Madagascar a sacré ses vainqueurs, par équipe et en individuel, ce 14 décembre. Dans une salle bondée incapable d’accueillir tout le monde, devant un public bouillant, les poètes d’un genre nouveau ont prouvé à ceux qui en doutaient encore que cet art oratoire a de beaux jours devant lui sur une île où la culture de l’oralité prédomine toujours sur l’écrit.

Les 300 spectateurs étaient en liesse à l’annonce du résultat. Conan, le slameur tananarivien de 21 ans, a remporté le prix national du concours de slam à Madagascar. Celui qui slame depuis ses 9 ans a conquis le jury citoyen avec des textes incisifs et personnels sur son rapport à son art. Pour lui qui a dû arrêter ses études cette année faute de moyens, ce prix est réconfortant. « Cela fait garder espoir parce que cela permet de voir qu’on peut réaliser ses rêves même dans une vie de merde, déclare-t-il. Je vois que la vie des gens, aujourd’hui, n’est que misère. Sans le slam, je ne sais pas ce que je serais ».

Discipline ouverte à tous

Le prix par équipe a été raflé par les Tuléarois, de la ville de Tuléar, dans le sud de l’île. Leurs deux textes, l’un en hommage aux grands artistes malgaches disparus cette année et l’autre en forme de coup de poing contre la saleté humaine, ont fait chavirer le public. « On pense que nos textes peuvent faire changer les choses, explique El Mich, l’une des membre du trio. C’est un moyen d’exprimer notre culture. On parle de la corruption, des gens qui sont sales. Sales d’esprit, sales physiquement, mais surtout sales dans leur cœur ».

Pour Tajero, le président de Madagaslam, l’association organisatrice du concours, « c’est une discipline ouverte à tous, où la liberté d’expression et de créativité est revendiquée. Dans le kabary [discours de cérémonie typiquement malgache], tout est plus réglementé, codifié, monotone. Il faut par exemple commencer par s’excuser de longues minutes d’avoir pris la parole. Dans le slam, la seule règle est de ne pas dépasser 3 minutes 10 ». Arrivé sur la Grande Île il y a 12 ans, cet art oratoire moderne est devenu en une décennie un véritable moyen d’expression pour toute une génération de Malgaches, avide de voyages sur papier et de rébellion d’idées.

(Ré)écoutez : Le slam de Madagascar

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