Pour la troisième fois depuis le début du mouvement de contestations contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé il y a deux mois maintenant, brandissant les portraits des adolescents et aux cris de « justice pour nos morts » ou encore « gouvernement assassin », elles ont rejoint sans incident l’esplanade du stade du 28-Septembre.
Le blanc du deuil, cerné d’un foulard rouge, plusieurs dizaines de militantes accompagnent une nouvelle fois les proches des victimes. Une vingtaine d’adolescents ont été tués depuis le début du mouvement.
La justice ne nous écoute pas, c’est notre seul et dernier recours, explique Hadja Maïmouna Diallo, porte-parole des femmes du FNDC : « Lors des dernières funérailles des huit enfants tués, ils sont rentrés dans le quartier, ils ont fait la même chose, ils ont blessé plus de dix enfants. Et malheureusement, le lendemain, l’un d’entre eux a succombé à ses blessures. Les morts sont identifiés, les autopsies sont faites et parfois, je vous le dis, ceux qui ont été tués ou leurs parents connaissent les tueurs. »
Dans son dernier rapport, Amnesty international documente 61 cas depuis 2015, dont une cinquantaine impliquerait les forces de l’ordre, preuves et témoignages à l’appui.
Mais le rapport est contesté par les autorités guinéennes. « On ne parvient pas à avoir des images ou des témoignages qui sont convaincants de personnes qui tuent ces jeunes, qui tuent ces personnes. La plupart du temps, c’est après les manifestations qu’on sort des victimes , qu’on sort des corps, qu’on les dépose directement dans les morgues des hôpitaux. Ce qui fait que les scènes de crime ne sont généralement pas préservées », estime Aboubacar Sylla, porte-parole du gouvernement.
Seul un policier a été condamné dans une affaire similaire, c’était en février dernier.