Le 20 août dernier, le Nigeria a décidé de fermer ses frontières terrestres et d’interdire toute importation de marchandises par la route avec ses voisins: le Benin, le Niger, le Tchad et le Cameroun. Officiellement pour lutter contre la contrebande. Selon les observateurs, Abuja pose une vraie question mais apporte une réponse dangereuse.
La décision unilatérale de Muhammad Buhari est une potion très amère tant pour la première économie africaine que pour ses voisins, au premier rang le Bénin avec 700 kilomètres de frontières communes.
Pour Cotonou, « ces 5 derniers mois sont une catastrophe » affirme un confrère béninois. « Prenez le point de passage de Sèmè-Kraké, c’était chaque mois 300 millions de francs CFA de recettes, aujourd’hui c’est zéro. » Le recul du PIB du Bénin sur les quatre premiers mois est chiffré à 0,5.
Les politiques nigérians ont l’ambition de relancer la culture du riz, en clair : mettre un terme à l’importation de riz thaïlandais en provenance du Benin, préféré par les Nigérians car moins cher.
« Mais si l’ambition du Nigeria est de diversifier son économie au forceps, Buhari fait une erreur colossale, explique un économiste béninois. Le Nigeria s’isole et s’écroule sur lui-même ».
Et de conclure : « Lutter contre la contrebande, ou les excès d’un secteur informel c’est bien, mais en concertation avec ses voisins. Abuja devrait d’abord balayer chez lui: chaque jour, 400 mille barils de pétrole sont volés ! Il est urgent de convoquer tous les partenaires autour d’une même table. »
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