Le procès en appel du fils du président de la Guinée équatoriale s’est ouvert ce 9 décembre en France. Il y a deux ans, Teodorin Obiang avait été condamné à de la prison avec sursis et à 30 millions d’euros d’amende, également avec sursis, dans le cadre de l’affaire dite des « biens mal acquis ». La justice française l’avait reconnu coupable de blanchiment d’argent public.
Ce 9 décembre, la première journée du procès de Teodorin Obiang à Paris dans l’affaire dite des « biens mal acquis » a été consacrée aux questions de procédure. La première question portait sur la tenue même du procès. La défense demandait qu’il soit reporté en attendant une décision de la Cour internationale de justice, saisie par la Guinée équatoriale qui s’oppose à la France sur le statut d’un bien central dans ce dossier : un immeuble de 4 000 mètres carrés du XVIe arrondissement de Paris estimé à 107 millions d’euros et actuellement saisi.
Joute oratoire entre avocats
Cet immeuble a été acheté par Teodorin Obiang mais a été cédé à la Guinée équatoriale juste avant une perquisition des enquêteurs. Pour la défense, il s’agit d’une représentation diplomatique donc un immeuble inviolable et non confiscable au titre la convention de Vienne de 1969, tandis que la France ne lui reconnaît pas ce statut et que la partie civile dénonce une manoeuvre grossière pour faire bénéficier l’appartement de Teodorin Obiang d’une couverture diplomatique. La cour a finalement rejeté la demande de report et le procès a commencé avec d’autres questions de procédure.
Ces premiers débats ont en tout cas donné le ton du bras de fer entre défense et partie civile. Très en verve, maître William Bourdon, pour l’ONG Transparency International, a pourfendu « les manœuvres dilatoires des kleptocrates qui méprisent l’État de droit mais braconnent dans ses subtilités pour suffoquer la procédure ».
Les avocats de Teodorin Obiang se sont offusqués en retour qu’on dénie à leur client de faire tout simplement valoir ses droits. Maître Emmanuel Marsigny a ajouté : « Si la cour suffoque, je peux lui faire du bouche-à-bouche ». Entre emphase d’un côté et remarques pince-sans-rire de l’autre, le ton est donc donné et le fond du dossier sera traité le 10 décembre.
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