Coup de projecteur sur le deuxième des cinq candidats à la mairie d’Antananarivo : Rina Randriamasinoro, le candidat de l’opposition. La candidature de ce trentenaire inconnu du grand public avait créé la surprise en septembre dernier : chacun s’attendait à voir revenir Marc Ravalomanana dans la compétition.
Les descentes quotidiennes sur le terrain de Rina Randriamasinoro démarrent très souvent par une prise de parole de Marc Ravalomanana. « Peu importe ce qu’il va se passer, c’est lui qui va me succéder ! », l’entend-on scander.
Derrière cette attitude paternaliste, il y a un fait : Rina Randriamasinoro n’est pas un politicien. Directeur financier de la commune d’Antananarivo depuis 2017, le trentenaire est inconnu du grand public. Alors son équipe de campagne le précède de quelques dizaines de mètres pour le présenter. « Rina Randriamasinoro passe dans notre quartier, c’est le candidat du TIM, le candidat numéro 2 ! »
Au pas de course, le regard un peu fuyant, le candidat serre des mains à tout va. « Allez voter ! Bonjour, allez voter ! Allez voter “numéro 2” ! Nous, on sera proches du peuple ! »
Son premier combat : la décentralisation
« Origines modestes », « programme réaliste » : les éléments de langages du candidat sont soigneusement choisis pour souligner toute sa différence avec son principal adversaire, le candidat Naina Andriantsitohaina. « Le programme que je propose est un programme simple. Et réalisable. Je ne vous fais pas miroiter la construction d’un grand bâtiment, ni vous fais rêver de trains aériens construits au-dessus de vos maisons. Ce que je ferai, c’est vraiment de comprendre vos problèmes actuels. Et d’apporter une amélioration dans vos vies quotidiennes. »
S’il est élu, sa première mesure sera d’obtenir plus d’indépendance vis-à-vis de la Présidence. « Ce que je souhaite, c’est faire appliquer la loi sur la décentralisation. Actuellement, le pouvoir central empêche toujours le pouvoir local de réaliser des projets sur le terrain. Si je suis maire, je demanderai au pouvoir central de transférer tout simplement le pouvoir et les compétences au maire. C’est-à-dire que le maire pourra avoir des relations directes avec des partenaires techniques et financiers, ce qui n’est pas possible aujourd’hui : tout financement doit passer par le pouvoir central. Ce que je veux, c’est libérer les mairies ».
Les coupures d’eau et d’électricité ? « la responsabilité de l’État »
Questionné sur le bilan très critiqué de sa supérieure, la mairesse Lalao Ravalomanana, qui est aussi l’épouse de l’ex-président Marc Ravalomanana, le candidat réplique : « On ne peut pas juger du bilan de Lalao Ravalomanana. Il y avait beaucoup de dettes à la mairie dont on a hérité. Nous avons fait des efforts pour honorer ces dettes envers les fournisseurs. Donc si on parle de son bilan, il ne faut pas voir que ce qui a trait aux améliorations de la ville. Nous avons fait des efforts dans les actions sociales pour aider les femmes et les enfants, nous avons réhabilité de petites ruelles, nous avons honoré les dettes. »
Enfin, concernant les coupures d’eau, d’électricité ou l’accumulation des ordures dans la ville qui créent l’exaspération des habitants, la ligne de défense du candidat est claire : « Ceci relève de la responsabilité de l’État ».
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