Jeudi 7 novembre, le Soudan du Sud s’est offert un répit de 100 jours. Le président Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar ont retardé de presque trois mois la formation d’un gouvernement d’union et le retour au pays de l’opposant. Au cœur des débats : les conditions de sécurité et le découpage fédéral du pays. Dans la capitale sud-soudanaise, les habitants sont partagés sur ce nouveau délai.
Dans ce garage de Juba, les salariés s’affairent au nettoyage des véhicules. Tamun passe les carrosseries au jet d’eau. L’employé à la petite barbe a constaté un retour des clients depuis l’accord de paix. Il salue donc ce nouveau délai.
« C’est une bonne décision, estime-t-il, car certaines parties essentielles de l’accord de paix ne sont pas en place. Si on forme le gouvernement sans résoudre les questions de sécurité, et le cas des états fédéraux, la guerre reprendra. Former un gouvernement sans ça jetterait de l’huile sur le feu. »
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Dans sa société d’imprimerie, Peter colle des logos sur des tee-shirts. Lui reste très méfiant pour la suite. « On ne sait pas ce qu’il y a derrière ça. On espère juste que la prolongation aboutira à une bonne nouvelle. Sauf qu’au bout d’un certain temps, on voit toujours surgir des imprévus, des incompréhensions, des choses prévues qui se passent mal. Ça arrive à chaque fois », estime-t-il.
L’avenir du pays aux mains de deux hommes
Le Soudan du Sud est donc de nouveau suspendu, avec son avenir entre les mains de deux hommes. Pour l’écrivain Mathiang Jalap Dongvin, tout est question de volonté. « La lutte de pouvoir continue. Mais le gouvernement a accepté l’extension, pour montrer un sens des responsabilités. C’était la bonne décision pour donner du temps afin que les leaders trouvent un compromis. Mais s’il n’y a pas de volonté politique, l’accord de paix s’écroulera, et on replongera dans l’instabilité. »
Avec la prolongation, les nerfs des habitants sont de nouveau mis à l’épreuve. D’autant que sans progrès significatifs à l’approche de février, la situation devrait se tendre à nouveau.