Les autorités ont annoncé qu’elles suspendent l’interdiction qui pesait, depuis la mi-septembre, sur deux organisations humanitaires qui interviennent dans le nord-est du pays, région troublée par l’insécurité liée au groupe islamiste Boko Haram.
Les bureaux d’Action contre la faim et de Mercy Corps avaient été fermés, sans préavis par l’armée, qui estimait que ces ONG avaient « encouragé » les jihadistes de Boko Haram. Selon Sadyia Farouk, la ministre des Affaires humanitaires du Nigeria, cette suspension d’interdiction est temporaire.
Dans l’immédiat, cette annonce va permettre aux populations de bénéficier à nouveau du soutien humanitaire. Il y a beaucoup d’ONG qui travaillent dans le Nord-Est, mais Action contre la faim mène les opérations les plus importantes, dans cette zone. Avec la suspension de ses activités, 350 000 personnes n’ont pas reçu d’aide alimentaire depuis septembre.
Sans cet appui, plusieurs phénomènes sont apparus : la recrudescence, par exemple, des vols à l’étalage dans des camps de réfugiés de Monguno, où femmes et jeunes filles monnaient des rapports sexuels contre de la nourriture, constate un humanitaire.
Au-delà de la précarité, se pose la question de l’accès aux populations dans le besoin. À cause des attaques quasi quotidiennes des jihadistes, les déplacements sont très difficiles. Plus de 800 000 habitants sont ainsi hors d’atteinte pour les humanitaires, qui sont eux-mêmes, la cible de Boko Haram.
Depuis janvier, plusieurs convois ont été détournés et six humanitaires sont toujours retenus en otage par les jihadistes. « Il y a un réel besoin de changer la perception de notre travail », souligne un acteur de terrain.
La semaine prochaine, un forum sur l’assistance humanitaire doit se tenir à Maiduguri. L’occasion pour les autorités militaires et politiques de dialoguer avec les humanitaires sur leurs conditions de leurs interventions et les besoins des populations.