La légende éthiopienne de la course à pied Haile Gebreselassie accuse le réseau social d’avoir une responsabilité dans les violences au caractère souvent éthnico-religieux qui touchent le pays depuis des mois. La semaine dernière, des affrontements en région Oromya ont fait, selon un dernier bilan officiel, au moins 78 morts. Plus de 400 personnes ont été arrêtées.
« Si le gouvernement ne porte pas plainte contre Facebook, je le ferai moi-même », promet Haile Gebreselassie. L’icône de l’athlétisme accuse le réseau social d’avoir contribué à la hausse de l’insécurité en Éthiopie. « Plusieurs personnes sont mortes en quelques jours. C’est suffisant pour traîner Facebook en justice », a déclaré l’athlète, en référence aux violences qui ont ensanglanté la région Oromya.
En effet, les troubles ont commencé lorsque Jawar Mohammed a posté sur Facebook un message disant qu’il craignait une arrestation imminente des autorités. Cet activiste oromo très influent est souvent dénoncé comme un extrémiste. Ses messages ont entraîné une mobilisation massive, qui a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre, mais aussi en représailles contre d’autres groupes ethniques.
Une enquête des médias éthiopiens a aussi pointé des comptes Facebook utilisées pour diffuser des discours de haine, notamment une vidéo filmée à Bale Robe, sur laquelle un homme demande aux Oromos de ne pas se mélanger avec les autres ethnies. La séquence a été visionnée des dizaines de milliers de fois.
Interrogé, Facebook se dit « attristé par la situation éthiopienne » et déclare « travailler dur pour que les discours de haine et la désinformation n’aient pas leur place sur le réseau social ». L’entreprise estime « avoir fait des progrès en Éthiopie » dans le repérage et le retrait des contenus néfastes, tout en reconnaissant « qu’il reste beaucoup à faire ».