72,71% des voix, c’est le score officiel de Kaïs Saïed en Tunisie. Le nouveau président l’a emporté haut la main. Ses prérogatives sont limitées à la défense et la diplomatie. Pour le reste, c’est le Parlement qui garde la main et qui devrait dicter le prochain calendrier politique.
Les yeux se tournent désormais vers l’assemblée issue du scrutin du 6 octobre. Les tractations ont commencé en coulisses, Ennahdha à la manœuvre. Le parti d’inspiration islamiste, avec 52 sièges à l’assemblée, est la première force politique du pays. C’est vers cette formation que le président de la République doit se tourner le mois prochain, pour lui confier la tâche de désigner un Premier ministre puis de former un gouvernement d’ici le début de l’année prochaine.
Des indépendants très courtisés
Ce gouvernement devra recueillir une majorité, 109 voix minimum, lors d’un vote de confiance à l’assemblée. Or en assemblant les familles politiques compatibles, aucune coalition majoritaire ne se dessine. Les indépendants, qui occupent le tiers de l’hémicycle, sont donc en ce moment très courtisés.
L’élection de Kaïs Saïed pourrait faciliter les négociations. La légitimité incontestable du nouveau président, issu d’aucun parti politique, pourrait changer la donne et des alliances, à sa demande, pourraient permettre de dépasser les clivages partisans.
La majorité dont il a besoin pour porter ses idées pourraient ces prochaines semaines, se dessiner, poussée par la lame de fond populaire dont il a bénéficié.
Vendredi dernier, lors du débat, il a prévenu : « Je proposerai des lois au parlement. Ceux qui les refusent devront assumer la responsabilité politique de leur refus ».
Il a fait appel aux jeunes pour sauver ce qui reste de la révolution
La politique étrangère sera dictée par « l’intérêt du peuple tunisien ».
C’est ce qu’a annoncé, dans une allocution, juste après sa victoire dimanche, Kaïs Saïed, sixième président de la Tunisie depuis l’indépendance en 1956. Et deuxième président démocratiquement élu. Kaïs Saïed tient à respecter les engagements internationaux de la Tunisie. Il entend bâtir des relations privilégiées avec ses voisins, mais refuse la normalisation avec Israël.
D’emblée, Kaïs Saïed, l’a affirmé : la Tunisie travaillera « à l’étranger pour des causes justes » au premier rang desquelles la « cause du peuple palestinien ». Lors de sa première allocution, le nouveau président tunisien a déclaré que son pays serait « en guerre avec l’entité sioniste tant qu’elle coloniserait les territoires palestiniens ». Des propos qui tendent à durcir la position adoptée depuis 2011 par la Tunisie vis-à-vis d’Israël. Kaïs Saïed qualifie d’ailleurs de « haute trahison », la normalisation des relations avec l’État hébreu.
Tout au long de la campagne, Kaïs Saïed a par ailleurs insisté sur son intention d’avoir des relations privilégiées avec ses voisins. Sur son compte twitter, il les a appelé à dépasser leurs différences et à réactiver l’Union du Maghreb. Il a également annoncé que son premier déplacement serait à Alger et qu’il visiterait la Libye. Libye, à propos de laquelle il a déclaré vouloir tout faire pour « ramener la paix et la stabilité ».