La Cour pénale internationale a conclu vendredi 12 octobre les audiences visant Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom. Les deux ex-miliciens sont suspectés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis en 2013 et 2014 en Centrafrique.
Avec notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas
Lors de ces audiences, tout l’enjeu aura été, pour le procureur, de convaincre la Cour de mettre les deux suspects en accusation et de les renvoyer en procès. Les juges ont entamé leur délibéré et doivent rendre leur décision dans les 60 jours.
Les avocats des deux suspects ont sans surprise et de nouveau contesté les preuves du procureur. Maître Knoops, a présenté son client comme un homme de paix. Pour l’avocat, Patrice-Edouard Ngaïssona n’avait pas le contrôle des anti-balaka comme l’affirme l’accusation.
« Nous avons montré, sur la base des éléments de preuve présentés par le procureur lui-même, que les actes de M. Ngaïssona constituaient des tentatives visant à mettre en place une structure, non pas à commettre des crimes, mais une structure pour le DDR (Désarmement, démobilisation) en RCA. »
De leur côté, les avocats d’Alfred Yekatom, à la tête d’un bataillon de quelque 6000 hommes, ont pointé du doigt le rôle de la Seleka, qui s’était emparée du pouvoir à Bangui en décembre 2013. Alfred Yekatom ne faisait que lutter contre la Seleka, et n’aurait pas ciblé de civils, a assuré son avocate Mylène Dimitri, reprochant à la procureure de ne pas avoir fourni les preuves impliquant la Seleka.
Une question hors sujet, affirme de son côté le substitut du procureur, Kweku Vanderpuye. « Cette affaire n’est ni un référendum, ni l’acte d’accusation d’une des parties au conflit. Il porte sur la question de savoir si Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom sont responsables des crimes commis dans cette situation. Les preuves indiquent qu’ils le sont et qu’ils devraient faire face à la justice. »
Présente à l’audience, la procureure générale Fatou Bensouda a assuré que ses enquêtes se poursuivent en Centrafrique et que les responsables de la Seleka devront aussi répondre de leurs crimes devant la CPI.