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Législatives en Tunisie: entre soif de changement et désillusion

Près de 7 millions d’électeurs tunisiens sont appelés à élire leurs 217 députés, ce dimanche 6 octobre. Ce scrutin législatif à un tour se tient entre les deux tours de l’élection présidentielle, qui a connu un fort vote anti-système il y a trois semaines.

Sur cette artère bruyante de la ville du Kram, en banlieue tunisoise, une cinquantaine de personnes faisaient la queue avant même l’ouverture du bureau de vote ce dimanche. 
Des visages plutôt âgés, à l’image de Fatma, qui est retraitée. Aujourd’hui, elle a convaincu son mari de l’accompagner pour voter afin, dit-elle, de mettre de nouveaux visages à l’Assemblée car la déception est trop grande. « C’est trop difficile maintenant, explique-t-elle. La vie, ce n’est pas bien. C’est fini avec les autres. Les autres, ce n’est pas bien. »

À quelques pas, on trouve des cafés aux terrasses ombragées où des hommes dissertent.
 Les abstentionnistes sont nombreux mais ne veulent pas s’exprimer au micro. Ahmed Chaoui, pour sa part, est d’accord avec eux, même il a fait l’effort de se rendre aux urnes totalement désabusé. « J’ai voté déjà, ça y est, raconte-t-il. On manque de loisirs dans le pays alors c’est une façon de nous faire croire qu’on est démocrates. Voilà. »

Nouveau souffle au Parlement

L’un des rares jeunes croisés dans le bureau de vote, Zach, croit en l’avenir de son pays. À 29 ans, il espère un nouveau souffle au Parlement. « Nous aujourd’hui, si on n’essaie pas de changer notre système, si on ne peut pas faire ça, alors qui va le faire ?, demande-t-il. Tout changement nous aide à espérer. On a déjà eu cinq ans, même plus, donc on ne peut pas espérer avec le même visage. C’est changer et après on va voir si ça donne ou si ça ne donne pas. Mais on ne peut pas espérer avec le même visage. »

Cette soif de changement, perceptible aux abords des centres de vote, devrait donner naissance à un hémicycle totalement recomposé. Les résultats officiels ne sont pas attendus avant plusieurs jours.
 Trois semaines après le 1er tour d’une présidentielle qui a vu naître un certain renouveau dans le paysage politique tunisien, les électeurs ont jusqu’à 18h heure locale, 19h heure de Paris, pour glisser leur bulletin dans l’urne.

La participation, un des principaux enjeux

Les électeurs vont-ils répondre présents pour désigner les membres de l’ARP, l’Assemblée des représentants du peuple ? Dans les bureaux de vote, l’affluence est bien plus faible qu’au premier tour de la présidentielle le mois dernier.
 L’élan qui a écarté il y a trois semaines les représentants des partis au pouvoir, pourrait de nouveau souffler sur ce scrutin. 


La campagne présidentielle a en quelque sorte éclipsé ces législatives et le vent de dégagisme devrait se confirmer en faisant entrer à l’Assemblée de nouveaux visages. La dégradation de la situation économique et les promesses non tenues, huit ans après la révolution, pourraient donner un nouveau souffle à la transition démocratique, loin des partis qui ont jusque-là gouverné le pays.

Le parti en tête aura la lourde tâche de former un gouvernement qui devra, dans les deux mois, passer par un vote majoritaire de la nouvelle assemblée. L’élection de nouveaux députés issus de nouveaux partis ou de la multitude de listes indépendantes devrait créer une véritable mosaïque parlementaire avec laquelle le parti en tête n’aura d’autre choix que de composer des alliances.

► À lire aussi : Rejet des élites et listes indépendantes, enjeux des législatives tunisiennes

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