Au Tchad, le journaliste Inoua Martin Doulguet a été condamné pour « association de malfaiteurs informatiques » après avoir publié un article relatant des accusations d’agression sexuelle contre une ancienne ministre.
Au Tchad, l’opinion est indignée après la condamnation d’un journaliste tchadien à trois ans de prison ferme. Inoua Martin Doulguet, directeur de la revue Salam Info, a été condamné pour « association de malfaiteurs informatiques » après avoir publié un article relatant des accusations d’agression sexuelle contre une ancienne ministre.
Le tribunal de grande instance de Ndjamena l’a également condamné à payer 15 000 euros de dommages et intérêts à la plaignante et 3 000 euros d’amendes. Cette peine est extrêmement sévère et disproportionnée, selon Arnaud Froger, de l’organisation de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières.
« Le journaliste a été placé en détention provisoire plusieurs semaines pour des faits de diffamation, explique-t-il. Il a ensuite été condamné à une peine extrêmement lourde. Tout a été fait au cours du procès pour faire en sorte que ce journaliste soit condamné à une peine extrêmement lourde, puisque les charges ont été changées. »
« Il a finalement été jugé comme un cybercriminel alors que l’actualité qu’il a rapportée sur sa page Facebook avait une vocation profondément journalistique, poursuit Arnaud Froger. Il apparaît, de toute évidence, qu’on a essayé de se débarrasser d’un directeur de publication qui, semble-t-il, était devenu gênant auprès de certains, notamment parce qu’il rapportait des faits de corruption parmi les hautes sphères du pouvoir tchadien, et que sa publication a, à plusieurs reprises, fait l’objet de sanctions. La sévérité de la peine atteste du fait qu’on a voulu le faire taire. »