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Devant la CPI, les avocats de Ngaïssona dressent le portait d’un «homme de paix»

Les audiences se poursuivent devant la Cour pénale internationale, dans l’affaire réunissant deux anciens chefs de milice centrafricains. Patrice Ngaïssona et Alfred Yekatom sont suspectés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. Après la démonstration du procureur, puis des avocats des victimes, les défenseurs des deux suspects ont pris la parole.

Avec notre correspondante à La HayeStéphanie Maupas

Les avocats de Patrice-Édouard Ngaïssona ont tenté de contrer la thèse du procureur. Ce dernier avait dressé le portrait d’un chef militaire, co-auteur d’un plan stratégique destiné à redonner le pouvoir à l’ex-président Bozizé, renversé par la Seleka. Les avocats ont défendu l’image d’un « homme de paix ». Les actions de Patrice Ngaïssona auraient permis un retour à l’ordre et la justice – c’est du moins ce qu’a assuré Me Seri Zoukou.

« Si la Seleka a été renversée, ce n’était pas par une quête de pouvoir de Monsieur Ngaïssona, mais parce qu’elle n’était plus en mesure de maintenir la justice, l’ordre et la paix, a affirmé l’avocat. Et cela a été dit, notamment par François Hollande, qui est allé jusqu’à déclarer le 8 décembre 2013, qu’on ne pouvait pas laisser en place un président qui a laissé faire, parlant ainsi de Michel Djotodia. »

« Un leader né »

Exilé suite au coup d’État de la milice Seleka en mars 2013, Patrice Ngaïssona était revenu à Bangui en janvier 2014. Pour Me Kokongo, s’il a pris la tête des anti-balaka, ce n’était pas pour mener les représailles, mais pour permettre au pays de sortir de la crise.

« Il a été accueilli en grande pompe, assure l’avocat, d’abord par les femmes de son arrondissement, le 4e arrondissement de Bangui, du quartier Boy-Rabé. Il a aussi été accueilli par les éléments anti-balaka du secteur, les com’ zones, qui sont venus chez lui. Il y avait le désordre en leur sein : ils lui ont demandé d’être leur leader, parce qu’ils savent que c’est un leader né, monsieur le président. Par la suite également, des éléments de la force internationale, notamment Sangaris, sont venus à son domicile lui parler. Madame Samba Panza lui a envoyé son conseiller politique à la présidence. Tous lui ont demandé d’aider à résoudre la crise en prenant la tête des anti-balaka. »

Ces audiences se poursuivront toute la journée. Après quoi, les juges commenceront leur délibéré. Ils ont soixante jours pour décider si les deux suspects doivent être renvoyés en procès.

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