La Grande Île de l’Océan Indien est en passe d’être l’une des nations les plus touchées par les impacts du changement climatique. Sur place, la jeune génération s’organise pour promouvoir la « justice climatique », un concept ici encore balbutiant, qui a pour but de faire pression sur les gros pollueurs et destructeurs ainsi que le gouvernement, pour que des poursuites et sanctions soient appliquées, conformément aux textes et accords internationaux environnementaux signés. Hier, dans la capitale, une centaine de participants se sont réunis pour lancer ensemble le Forum malgache pour la justice climatique. RFI a rencontré la figure de proue malgache de ce mouvement international.
Au quotidien, Haja Randrianomenjanahary, représentant malgache du Forum africain pour la justice climatique, pratique ce qu’il appelle le « smart-militantisme » (militantisme intelligent) : Des actions visibles et organisées, dans la rue, auprès des médias, du gouvernement ou de grosses sociétés, pour aboutir à plus de justice dans le domaine environnemental.
« Aujourd’hui, il y a encore trop d’impunité par rapport à l’écologie. Il y a des entités qui polluent, détruisent et on laisse tout passer. Et donc c’est ça l’objectif : avoir ce pouvoir en main, savoir comment réagir, pour contrer l’impunité de certaines personnes, qu’elles soient des entreprises multinationales, des entrepreneurs, gouvernement ou même individus qui font n’importe quoi par rapport l’environnement. Et c’est ça la justice climatique. Notre but à nous c’est essayer vraiment de pousser les citoyens, les entités responsables à porter plainte pour crime environnemental. On apprend vraiment à faire ça, dans les règles de l’art, à travers des analyses de textes juridiques. »
En début de semaine, un reportage de France 24 faisait état d’agissements peu scrupuleux en matière d’environnement d’une multinationale française de l’agroalimentaire présente sur l’île. Le genre d’affaires qui intéressent particulièrement le militant malgache.
« On va se focaliser dessus parce que c’est typique du Green Washing. La Star, elle essaie de faire des éco-gestes, pour essayer de montrer qu’ils sont plus verts. Mais derrière tout cela, dans les faits, il y a tous ces soupçons de terres protégées défrichées pour la culture du maïs. Toutefois, on ne va pas tout de suite les accuser, mais c’est ça ce qu’on appelle le smart militantisme, on va d’abord mener nos propres enquêtes pour ensuite agir. »
En clôture du lancement du Forum malgache pour la justice climatique, Haja Randrianomenjanahary a invité tous les citoyens désireux de faire avancer la cause environnementale à rejoindre ce « think and do tank ». L’objectif : faire en sorte que les 22 régions de l’île soient rapidement représentées. Il a également appelé les bailleurs intéressés à se manifester.