Les forces armées congolaises ont annoncé avoir « neutralisé » le principal chef militaire des miliciens hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), Sylvestre Mudacumura. De nombreuses questions sont apparues au lendemain de son élimination.
Qui a tué le chef militaire des FDLR ? Il s’agit officiellement d’« un haut fait d’armes, d’une victoire pour l’armée congolaise », selon le porte-parole des FARDC, le général Léon-Richard Kasongo.
Mais la société civile et des habitants de la province du Nord-Kivu assurent de leur côté que des miliciens congolais de général autoproclamé Guidon, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI, participaient à la traque des éléments FDLR. Kinshasa dément et assure que ses militaires ont agi « seuls ».
A ce stade, il est encore « trop tôt pour dire avec précision qui a réellement mené cette opération », souligne Fred Bauma, du groupe d’études sur le Congo. « Est-ce que ce sont les FARDC qui ont mené cette opération, est-ce qu’elles l’ont menée seules ? Et qui sont les autres unités ou les autres forces qui ont participé à cette opération ? », s’interroge Fred Bauma.
Les circonstances
Une autre interrogation concerne les circonstances exactes dans lesquelles il a été tué. Le porte-parole de l’armée congolaise a expliqué que Sylvestre Mudacumura et ses lieutenants avaient été « localisés et surpris » avant d’être « neutralisés définitivement », sans donner plus de détails.
Jean-Robert Senga, chercheur sur la RDC pour Amnesty International, estime qu’il est « important que l’armée clarifie les circonstances de sa mort », en expliquant que les éléments détenus par l’ONG « tendent à montrer qu’il a été exécuté sommairement ». « Il aurait dû être arrêté et remis à la CPI pour que justice soit rendue », estime-t-il.
Sa mort va avoir un effet sur l’organisation, qui est déjà fragilisée. La capacité de nuisance des FDLR est assez réduite depuis plusieurs années maintenant.
Doutes
Selon la société civile de la province du Nord-Kivu, tout le monde avait apparemment intérêt à ce que le chef des miliciens hutus rwandais disparaisse sans faire de révélations sur ses différentes alliances dans la région.
La Cour pénale internationale, qui dit avoir pris note de cette information, va d’abord vérifier s’il s’agit bien de lui. « Si son décès est confirmé, les juges mettraient alors fin à la procédure à son encontre », a expliqué l’un des porte-parole de la CPI.
C’est une bonne nouvelle pour la paix dans la région. (…) Et c’est une confirmation de la volonté du président à neutraliser les forces négatives, génocidaires, terroristes qui sont à l’est de la RDC.