Au Zimbabwe, médecins et infirmiers continuent de manifester après la disparition d’un de leurs collègues, le docteur Peter Magombeyi, président du syndicat des médecins hospitaliers, le 14 septembre dernier. Son organisation accuse la sécurité d’État de l’avoir kidnappé après qu’il a dénoncé le délabrement du secteur de la santé.
Dans cet hôpital public de la capitale zimbabwéenne Harare, les couloirs sont quasiment vides. Depuis le début du mois, les médecins sont en grève. « Nous n’avons plus les moyens financiers de venir travailler, se lamente un docteur qui ne veut pas donner son nom, par peur des représailles. Il y a tellement de problèmes d’effectifs, de médicaments, de motivation. Rien ne marche ici. Même le pays ne fonctionne pas. Les infirmières, par exemple, ne travaillent pas tous les jours. Elles ne viennent que trois fois par semaine parce que le gouvernement ne peut pas les payer. Maintenant, ce sont les médecins qui ne viennent pas car ils ne peuvent pas payer leur transport. »
Le salaire moyen d’un médecin du secteur public est d’environ 100 dollars par mois, dont un tiers passe dans le transport pour aller travailler. Tout le monde est démotivé, avoue Sarah, une étudiante en troisième année de médecine.
« Tous les jours, vous faites face à des situations déprimantes, où vous ne pouvez pas aider un patient, explique-t-elle. Par exemple, quelqu’un arrive avec un traumatisme crânien, et vous avez besoin de faire un scanner mais vous n’avez pas l’équipement. L’état du patient se détériore et vous ne pouvez absolument rien faire. »
À côté d’elle, son amie acquiesce. « Le plus enrageant, ajoute celle-ci, c’est que l’ex-président Robert Mugabe s’est fait soigner dans un hôpital privé de Singapour. Il a laissé les hôpitaux se détériorer à un tel point que lui-même est parti et est mort à l’étranger. Quand on voit l’hôpital dans lequel il était soigné, c’était un hôpital très cher et il y est resté longtemps. C’est triste. Si seulement il avait pu utiliser l’argent qu’ils ont dépensé là-bas pour améliorer l’état de nos hôpitaux… »
Toutes deux avouent que les trois quarts des étudiants en médecine n’attendent qu’une chose : finir leurs études et partir à l’étranger.
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