En République démocratique du Congo (RDC), 5 823 comptes bancaires régulièrement alimentés en salaire par l’État seront bloqués parce qu’ils n’appartiennent à personne. Plus de 4 500 autres n’ont connu aucun mouvement devraient être élagués des fichiers des services de paie, sauf en cas réclamation. L’éradication de cette fraude de détournement d’argent public devrait permettre d’économiser plus de 6 millions de dollars par an. S’agit-il d’un réseau mafieux ?
Il s’agirait de plusieurs milliers de comptes fictifs et restés sans mouvement bancaire durant plusieurs mois. Sur ces comptes étaient versés des salaires que personne n’a retirés pendant plusieurs mois. Les propriétaires des comptes sont-ils morts ou non informés du versement de la paie ?
Jean-Louis Kayembe, le directeur général en charge de la politique monétaire et des opérations à la banque centrale du Congo (BCC) est ferme face au problème. « Ces personnes n’existent pas et doivent donc être élaguées du fichier paye. Ce travail a permis au trésor de réaliser des économies de près 2 milliards 700 millions par trimestre », constate-t-il.
Accélérer la bancarisation
Ce sont des économies importantes pour le pays, mais il faut accélérer le processus de bancarisation de tous les agents de l’État. Car seuls 85 % des agents perçoivent aujourd’hui leur salaire auprès des banques. Pour Jean-Baptiste Ndefu, qui a pris part au contrôle, le retard profiterait aux réseaux mafieux : « Plus ça traîne, plus ces réseaux mafieux que nous avions débusqués en 2015- 2016 montent de nouvelles stratégies… »
Ce serait une bande bien organisée et pas facile à démanteler, selon ce responsable exaspéré par le manque des poursuites contre les auteurs. « Ce qui est malheureux,poursuit ce dernier, [c’est qu’]on a établi les responsabilités, mais personne n’a été arrêté. Nous aurions aimé qu’il y ait des sanctions, d’abord administratives, judiciaires. À partir de ce moment-là, le système se serait bloqué soi-même. »
D’autres missions de contrôle pourraient avoir lieu dans les prochains mois, car selon les syndicalistes, la fraude est « bien ancrée » dans la paie des fonctionnaires.