En visite de « solidarité » dans le territoire de Béni en proie à l’insécurité et à l’épidémie d’Ebola, le secrétaire général de l’ONU s’est rendu à Mangina, l’un des premiers épicentres de la maladie qui a fait plus de 2 000 morts, selon les derniers décomptes. Il y a notamment visité le Centre de traitement d’Ebola (CTE). L’occasion pour Antonio Guterres de lancer un appel à la population à se faire dépister et soigner dès les premiers symptômes de la maladie pour éviter de nouvelles contaminations et augmenter les chances de guérison.
La visite débute au chevet des malades. Antonio Guterres, salue à travers une paroi transparente quelques patients suspectés d’avoir contracté Ebola. Puis s’adresse au personnel soignant pour vanter leur courage : « Merci infiniment pour le travail exceptionnel que vous faites. Et félicitations parce que les choses sont en train de s’améliorer ».
L’un de ces soignants témoigne sur son quotidien difficile. Il travaille ici depuis plus d’un an : « C’est un travail de sacrifice. Nous sommes en train de nous donner corps et âme pour éradiquer cette maladie. Ce sont nos frères qui sont en train de mourir ».
La priorité: « le retour de la sécurité »
A la sortie, quatre guéris d’Ebola dont un nourrisson, des « vainqueurs », comme on dit ici, sont venus accueillir Antonio Guterres : «Vous êtes un héros», dit-il à l’un d’entre eux, avant de lancer cet appel : « A tous ceux qui subissent le traitement et tous ceux qui sont guéris, il faut que vous soyez nos porte-parole. Il faut dire à tout le monde que tous ceux qui viennent ici peuvent guérir. Ne cachez pas les symptômes, ne cachez pas la peur. Venez profiter de cette opportunité pour vaincre la maladie et pour nous aider à vaincre Ebola ».
Un message entendu par Bosco Paluku, l’un de ces quatre guéris. Il promet de faire passer le message, mais confie à l’attention du secrétaire général de l’ONU qu’« à ses yeux, y compris pour vaincre Ebola, la priorité reste le retour de la sécurité dans ce territoire en proie aux groupes armés ».
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Par ailleurs, Antonio Guterres a également appelé à une mobilisation accrue de la communauté internationale, notamment financière, car malgré les promesses de dons annoncées, l’argent tarde à arriver. « Les financements promis jusqu’à la fin de l’année correspondent plus ou moins aux besoins en matière de lutte contre Ebola. Mais seulement 15% ont été versés jusqu’à présent. Cela veut dire qu’il y a un problème de liquidité dans la réponse qui est extrêmement sérieuse. Et quand il n’y a pas de cash (…) la réponse contre Ebola s’arrête. Et si on perd une semaine dans la réponse contre Ebola, on ne perd pas une semaine, on peut perdre la guerre contre Ebola. (…) Alors il faut que tous les pays et toutes les organisations, qui ont pris des engagements financiers pour appuyer la réponse à Ebola, puissent très rapidement tenir leurs promesses pour que cette réponse vigoureuse, que j’ai constatée ici et qui se répand dans toutes les zones affectées, puisse continuer sans interruption ».