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[Reportage] Ethiopie-Erythrée: ville meurtrie, Badme veut sortir de l’impasse

Premier volet de notre série sur la réconciliation en marche entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Il y a vingt et un ans, Badme était le point de départ d’un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts entre 1998 et 2000. Aujourd’hui, les habitants de cette bourgade, le long des 1 000 kilomètres de frontière qui sépare les deux pays, se réjouissent de la paix conclue avec l’Erythrée en juillet dernier, mais craignent pour leur avenir alors que le Premier ministre éthiopien Abyi Ahmed s’est engagé à appliquer les conclusions d’une commission sur la démarcation de la frontière qui attribue leur village Badme à l’Erythrée.

De notre envoyée spéciale à Badme,

Où que l’on regarde, l’horizon n’est que terre caillouteuse et chaleur. A gauche le cimetière. A droite, la ville de Badme se déroule le long d’une piste poussiéreuse. Tout droit, au bout de la piste qui sert de route principale et qui se perd dans une vaste étendue aride, l’Erythrée, inaccessible depuis 19 ans. Difficile d’imaginer que c’est dans cette petite bourgade que la guerre a démarré et que la petite ville fut le théâtre d’une des offensives les plus meurtrières de ce qu’on a parfois appelé la « guerre des cousins ».

« Tu vois la rivière là-bas ? », interroge Telahun Gebremehdin, l’administrateur de ce village de 5 000 habitants, « elle est là notre frontière ! » Au bout de son doigt, au loin, un point brille. C’est là que se trouve la rivière Mereb qui sert de démarcation de la frontière avec l’Erythrée selon les habitants de Badme. Résultat, quand on lui parle du possible retour de Badme à l’Erythrée, l’administrateur s’énerve : « Ce ne sont pas les accords d’Alger ou les deux gouvernements qui savent à qui appartient cette terre, c’est nous la population, nous qui vivons ici qui savons à qui appartient cet endroit et eux aussi, les Erythréens, ils le savent ! »

Badme et ses environs. © RFI

Partout, le long de la piste qui sert de rue principale, quel que soit le sexe ou la génération c’est le même son de cloche. Il est impensable que Badme puisse passer sous administration érythréenne. Combien de combattants et combattantes sont tombés pour que Badme reste à l’Ethiopie ? On l’ignore, mais le souvenir de cette boucherie militaire, l’une des dernières du XXe siècle, est aussi présent que la poussière dans l’air. « Je me souviens bien de la guerre », raconte une vieille dame installée devant le téléviseur de son petit salon ouvert sur la rue. « On rampait pour éviter les attaques, ça tirait ! Apr...   

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