Un nouveau chargé d’affaires français au profil très politique est arrivé en juillet à Kigali alors qu’un projet d’institut culturel francophone est dans les cartons et que l’AFD entend relancer son action dans le pays.
Son arrivée à Kigali en plein cœur de l’été est passée quasiment inaperçue. Le 10 juillet dernier, Jérémie Blin a succédé à Etienne de Souza au poste de chargé d’affaires au sein de l’ambassade de France.
Plus qu’un simple changement technique, cette nomination revêt une vraie dimension politique : le nouvel arrivant occupait jusque-là le poste de sous-directeur Afrique centrale au Quai d’Orsay. Son profil traduit clairement la volonté de Paris d’accélérer le processus de rapprochement avec Kigali. Signes supplémentaires de cette volonté : non seulement Jérémie Blin est arrivé avec une lettre officielle du gouvernement français mais il aura à ses côtés dans les prochaines semaines un numéro 2. « Il est de niveau ambassadeur », confie une source diplomatique française pour qui la France « a retrouvé (à Kigali) un dispositif d’ambassade normale ».
Kagamé favorable à la création d’un institut culturel francophone
Dès son arrivée, le nouveau chargé d’affaires s’est attelé à un premier dossier d’importance : l’ouverture d’un institut culturel non pas français mais francophone dans la capitale rwandaise. Belges et Québécois seront ainsi associés au projet. Une initiative vue d’un bon œil par les autorités rwandaises. Le président Kagame s’est dit favorable à un tel projet. Le dossier a d’ailleurs déjà été évoqué entre Jérémie Blin et les autorités rwandaises. « Ce serait une bonne initiative qui permettrait nos échanges culturels, explique-t-on côté rwandais. Le français est une langue officielle du Rwanda, une partie des Rwandais est francophone. Donc, ce serait important de développer cette coopération culturelle. »
Jérémie Blin a également annoncé lors de son premier discours le 14 juillet vouloir « concrétiser le réengagement de l’AFD » dans le pays. L’Agence française de développement, qui avait réduit ses activités au Rwanda depuis 2015, souhaite désormais relancer son action dans plusieurs secteurs comme l’éducation, la formation professionnelle, le numérique, l’énergie, la santé ou le sport. Rémy Rioux, le directeur général de l’AFD, s’est rendu à Kigali en juin pour s’entretenir avec Paul Kagame à ce sujet.
→ Réécouter : Rémy Rioux, directeur général de l’AFD : Le cas rwandais
Un ambassadeur pour bientôt ?
Toutes ces avancées annoncent-elles la nomination prochaine d’un ambassadeur français sur place ? Si côté rwandais, on se dit « prêt à donner l’agrément le plus tôt possible », l’exécutif français, échaudé par le souvenir du regain de tensions survenu en 2009, ne veut pas précipiter les choses. Car ce dossier reste aussi conditionné à la mise en œuvre de deux mesures annoncées par la France à l’occasion des commémorations du 25ème anniversaire du génocide : le renforcement du pôle judiciaire pour poursuivre dans l’Hexagone les présumés génocidaires et l’avancée des travaux de la commission d’historiens chargée d’analyser le rôle de la France pendant le génocide. De l’évolution de ces deux promesses dépend aussi l’avenir de la relation entre les deux pays.
■ Un nouvel ambassadeur du Rwanda à Paris
En poste à Paris depuis novembre 2009, Jacques Kabale va céder sa place courant septembre à François-Xavier Ngarambe. Ambassadeur en Suisse, ce dernier était le représentant permanent du Rwanda à l’ONU à Genève. C’est l’ancienne maire de Kigali, Marie-Chantal Rwakazina, qui va lui succéder.