Condamné à mort en 2003 par l’ex-Cour d’ordre militaire (juridiction militaire d’exception de l’époque) au cours du procès sur l’affaire de l’assassinat de l’ancien président de la République Laurent-Désiré Kabila en 2001, le lieutenant John Bompengo est mort en détention le 12 avril dernier et a été inhumé le week-end dernier à Kinshasa. Au moins dix condamnés dans cette affaire sont déjà morts en détention, les organisations des droits de l’homme accélèrent le plaidoyer pour la réouverture du procès ou tout simplement la relaxation de ces personnes.
Karatéka professionnel, ceinture noire, 4e dan, licencié en psychologie du travail, mécanicien, le lieutenant John Bompengo travaillait à l’artillerie de la garde présidentielle. Il était poursuivi pour avoir fait partie, selon l’accusation, du peloton d’exécution sommaire de onze Libanais suspectés de complicité dans l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Arrêté, le lieutenant John Bompengo est d’abord incarcéré à la prison de Makala à Kinshasa, avant d’être transféré à la prison d’Angenga, dans la province de la Mongala.
Pour son frère, qui porte d’ailleurs le même nom, il a été tout simplement tué : « Nous disons qu’on a tué notre frère. Pourquoi lorsqu’il était malade la famille n’était pas informée ? Pourquoi il n’a pas suivi les soins ? ».
Le procès n’a jamais été clôturé
Rostin Manketa, directeur de l’ONG la Voix des sans-voix, qui suit le dossier, demande tout simplement que le procès qui n’a jamais été clôturé soit rouvert ou encore que tous les autres condamnés dans cette affaire soient libérés : « Que ces personnes puissent retrouver leur famille et nous saisissons cette occasion pour dénoncer la politique mise en place : les exterminer à petit feu. Et ça, ce n’est pas juste. »
Entre temps, John Bompengo et les familles d’autres condamnés affirment recevoir ces derniers jours des appels anonymes. « Nous sommes des victimes de menaces de la part d’inconnus : « Vous allez voir ce qu’on va faire de vous« . »
La Voix des sans-voix demande l’implication personnelle du président Félix Tshisekedi pour obtenir le dénouement de cette affaire.