25 ans après la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, Amnesty International s’inquiète de voir les inégalités persister au sein du système éducatif. L’organisation a lancé lundi 29 juillet une campagne-choc, en affichant le visage souriant d’Hendrik Verwoerd, l’un des architectes de l’apartheid, qui considérait que les communautés noires ne méritaient pas une éducation de qualité. Amnesty appelle à effacer ce sourire, en signant une pétition pour demander au gouvernement d’offrir une éducation décente à tous les enfants d’ici 2021.
Dans ce lycée de Soweto, Sine Temba étudie pour passer l’équivalent du baccalauréat cette année. La jeune fille de 17 ans révise dans une petite salle remplie d’une cinquantaine d’élèves. « C’est un problème parfois, confie-t-elle. Comme vous le voyez, dans ma classe, on est vraiment nombreux. Et des fois, on manque de feuilles pour écrire, ou même de chaises. »
Les locaux ici sont surpeuplés, car une partie des bâtiments s’est effondrée. Le principal Thomas Mnissi espère que les travaux promis par les autorités commenceront bientôt. « Normalement, on a une capacité de 800 élèves. En ce moment, on en est à 1 300, déplore le principal. La partie là-bas est maintenant interdite d’accès et on a des classes dans des mobile home. Pour le reste, on attend. »
Ce lycée parvient malgré tout à avoir de bons résultats. Mais dans d’autres régions plus pauvres, les élèves n’ont même pas accès à de simples toilettes. Les conséquences sont catastrophiques. Selon les recherches d’Amnesty International, la moitié des écoliers abandonnent les études avant la fin du lycée.
Pour la directrice locale de l’organisation Shenilla Mohamed, ce sont les structures de l’apartheid qui perdurent : « En n’offrant pas à ces enfants une éducation de qualité, on les maintient dans le système éducatif du temps de l’apartheid. Les écoles les plus performantes aujourd’hui sont les écoles qui à l’époque étaient réservées aux Blancs. Dans le reste du pays, les écoles sont vraiment dans un état lamentable. »
Si l’organisation récolte suffisamment de signatures, la pétition pourra faire l’objet d’un débat devant le Parlement.