Faute de progresser à Tripoli, le conflit se reporte sur d’autres villes du pays.
La bataille de Tripoli, qui entame bientôt son cinquième mois, prend une tournure qui n’est pas une surprise mais pleine de risques. Vendredi dernier, des drones de fabrication turque, partis de Misrata ont visé la base d’Al-Joufra, dans le sud du pays, aux mains du maréchal Khalifa Haftar.
Cette frappe traduit sur le terrain, pour la première fois, des menaces du Gouvernement d’union nationale dirigé par Fayez al-Sarraj, brandi depuis le 4 avril : transmettre la guerre ailleurs qu’à Tripoli.
C’est en utilisant des avions de combat que l’Armée nationale libyenne (ANL) a riposté dimanche aux frappes d’Al-Joufra, en visant l’académie militaire de Misrata, d’où son parti les drones. Une première également.
Le général Oussama Juili, qui dirige les forces du GNA, réitère ses menaces de frapper l’aéroport de la ville de Bani Walid, qui selon lui est aussi utilisé par l’ANL pour transporter des armes.
Cette propagation du conflit est donc liée à une intensification des frappes aériennes. Les deux camps utilisent drones et avions de combat hérités de l’époque Kadhafi et remis en activité. L’objectif des deux parties est d’essayer de prendre le dessus en dépit de l’enlisement des combats terrestres.
Lors de la séance consacrée à la Libye au Conseil de sécurité de l’ONU, en début de semaine, Ghassan Salamé l’envoyé spécial de l’ONU pour ce pays a exhorté les parties à une trêve à Tripoli. Mais les belligérants libyens ne semblent pas prêts à accepter un cessez-le-feu. Au contraire, face à l’incapacité des deux camps de progresser, les parties changent de tactique et semblent vouloir continuer coûte que coûte dans cette bataille de Tripoli. Celle-ci, faute de réellement s’engager, se reporte sur d’autres villes.