Cela se passe dans une zone aurifère du Tibesti, sous contrôle d’un comité d’autodéfense local. Elle est soumise à un blocus de l’armée tchadienne depuis novembre de l’année dernière, après des affrontements consécutifs à une révolte de la population locale. Celle-ci demande notamment l’annulation du rattachement de Miski à la région du Borkou, la réhabilitation des cantons (et de leurs chefs révoqués fin août 2018), ou encore rejette l’exploitation industrielle de l’or de Miski en dehors de tout cadre légal et concerté avec la population. Cause de cette poussée de fièvre : une situation humanitaire difficile, doublée de bruits de bottes.
L’armée tchadienne bloque tous les axes qui mènent à la localité de Miski, dans la zone aurifère du Tibesti, depuis l’échec de son offensive de 2018. Une situation très mal vécue par la population de cette région montagneuse désormais coupée du monde.
« La situation humanitaire est très difficile même si elle n’est pas encore catastrophique », nous explique Molly Sougui, le coordinateur du comité d’autodéfense, qui a pu passer à travers les mailles du filet. « Personnellement, je me suis rendu à Miski il y a une vingtaine de jours ; j’ai pris des itinéraires compliqués, qui ne sont connus que par des autochtones ; il a fallu que je marche, le blocus est quasi total. Quelques rares denrées parviennent à entrer dans la sous-préfecture, il n’y a pas de médecins. »
Après l’échec des tentatives de médiation menées par des chefs traditionnels, le pouvoir central a menacé d’user de la force depuis plusieurs mois. Le comité d’autodéfense de Miski dénonce aujourd’hui des signes annonciateurs d’une attaque imminente depuis une semaine. « Le blocus vient d’être renforcé par des militaires supplémentaires et nous craignons une offensive de l’armée sur la localité de Miski, mais nous prévenons que cela aura une conséquence très grave sur la stabilité du Tchad », poursuit Molly Sougui.
L’armée serait en train de resserrer son étau sur Miski confirment des spécialistes. Aucun responsable tchadien n’a souhaité répondre à nos questions jusqu’ici.