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Soudan: les pourparlers dans le flou après la tuerie d’El Obeid

Des milliers de jeunes ont marché dans plusieurs grandes villes du pays mardi 30 juillet pour protester contre la répression de lundi qui a fait au moins cinq morts et 62 blessés lors d’une marche pacifique d’étudiants, selon le Comité des médecins.

Des milliers de jeunes ont marché à Khartoum, Omdurman ou encore Port-Soudan et Sennar pour demander des comptes aux militaires. Des sociétés privées et des professionnels de santé ont aussi manifesté. Le ministre de l’Éducation a lui annoncé la fermeture des écoles. Les protestataires ont parfois bloqué des routes ou brûlé des pneus. Plusieurs sources parlent de blessés, parfois par balle, mais pas de bilan pour l’instant.

Dans le même temps, des éléments accablants, photos et vidéos, sur les événements de lundi à El Obeid, circulent de plus en plus sur les réseaux sociaux. On voit par exemple un pick-up affublé d’une tête de mort et des miliciens équipés de fusils de précision et mitrailleuses, en train de tirer en direction de manifestants.

Des délégations se sont rendues sur place. Taha Osman, un représentant civil, a déclaré qu’il n’y aurait « pas de négociation aujourd’hui avec les militaires ». Un autre, Siddig Youssef est allé plus loin, expliquant qu’il ne pouvait pas « s’asseoir à la même table » que les putschistes.

Les contacts ne sont pas rompus

Des déclarations alors que les deux camps tentent depuis plusieurs jours de s’accorder sur un document constitutionnel qui permettrait le lancement de la transition. Mardi soir, l’Association des professionnels soudanais a exigé que le pouvoir soit transféré à une autorité civile, que l’appareil sécuritaire soit restructuré et que la milice FSR (Force de soutien rapide), soupçonnée des principaux abus, soit dissoute.

Les militaires eux envoient des signaux contradictoires. Leur chef, Abdel Fatah al-Burhan, a déclaré que « le meurtre des manifestants d’El Obeid était inacceptable » et promis que les responsables seraient punis. Dans le même temps, il a annoncé une réforme des services de renseignements. Les NISS sont rebaptisés GIS (General Intelligence Service). Or pour Eric Reeves, ce changement de nom est la réforme « la plus simpliste qui soit. L’agence continuera à agir comme elle le fait depuis 30 ans », réagit le spécialiste du Soudan de l’université américaine Harvard.

Dans ce contexte, comment les deux camps pourraient-ils aboutir rapidement à un consensus ? D’autant que mardi, selon la coalition civile, il restait d’importantes questions à régler comme les pouvoirs des nouvelles institutions, le déploiement des forces de sécurité dans le pays, et « l’immunité absolue » réclamée par les généraux.

Pour l’instant, les contacts ne sont en tout cas pas rompus. Le comité technique du dialogue s’est réuni lundi soir et mardi. « Il y a eu des progrès. L’objectif est de terminer dans la journée (mardi) pour permettre aux deux parties de reprendre les discussions (mercredi) », explique un médiateur. Interrogé sur la tuerie de lundi, l’expert dénonce « des forces internes et externes qui tentent de saboter le processus. Il faut donc avancer vite », dit-il.

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