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Nigeria: le Mouvement islamique chiite, une épine dans le pied du gouvernement

Au Nigeria, la justice se penchait de nouveau ce lundi 29 juillet sur la demande de libération conditionnelle de Cheikh Ibrahim Zakzaky, le leader du Mouvement islamique du Nigeria (IMN). L’audience qui s’est ouverte devant une Cour spéciale de l’État de Kaduna a été ajournée une nouvelle fois, au 5 août prochain. Vendredi dernier, la Haute cour fédérale de justice a décrété l’interdiction de ce mouvement chiite. Son chef est détenu depuis décembre 2015 après que des violences avaient éclaté pendant une procession religieuse. L’armée avait tiré, faisant plus de 350 morts, pour la plupart des chiites non armés, selon des organisations de défense des droits humains.

Le cheikh Ibrahim Zakzaky et sa femme, qui demandent une libération conditionnelle pour raisons médicales, n’étaient pas présents ce lundi vu leur état de santé. Les inquiétudes qui entourent la santé défaillante du leader religieux sont au cœur des protestations de ses partisans, qui manifestent quasiment quotidiennement pour réclamer sa libération. Certains observateurs craignent à terme une forte radicalisation du mouvement.

Des marches qui se terminent régulièrement dans la violence: il y a une semaine, au moins six manifestants, un journaliste et un policier ont perdu la vie en marge d’une de ces manifestations. Fin octobre 2018, la répression d’une autre marche de l’IMN avait déjà fait 47 morts.

L’élite sunnite hostile au mouvement

La police a promis de tout faire pour empêcher ces manifestations et la sécurité a été largement renforcée dans la capitale nigériane la semaine dernière.

Vendredi, la justice a finalement décidé d’interdire le mouvement chiite, dont les activités sont considérées comme « terroristes et illégales ». Une décision qui a été prise en l’absence des représentants du Mouvement islamique du Nigeria, dont la présence n’a pas été autorisée devant la Cour.

Cette interdiction du Mouvement islamique du Nigeria a fait réagir dans le pays et certains défenseurs des droits de l’homme estiment que cette décision va à l’encontre de la liberté de culte des chiites, normalement garantie par la Constitution.

Il faut dire que l’élite musulmane sunnite, majoritaire au Nigeria, n’a jamais caché son hostilité pour ce mouvement inspiré de la Révolution iranienne.

Manifestation à Abuja pour demander la libération de El-Zakzaky, le 31 octobre 2018. © REUTERS/Paul Carsten

Un nouveau Boko Haram ?

Dans un communiqué publié dimanche soir, la présidence nigériane défend une décision qui ne vise pas l’ensemble des chiites, mais seulement à contenir « la violence, les meurtres, la destruction » du Mouvement islamique du Nigeria. Mais certains s’inquiètent de cette mécanique de la répression, qui pourrait favoriser l’émergence d’un nouveau groupe violent radical à l’image de Boko Haram.

Un haut responsable du Mouvement islamique du Nigeria, Yahiya Dahiru a d’ailleurs qualifié la décision du tribunal de « dangereuse ». « Vous ne pouvez jamais stopper une idéologie, vous ne pouvez jamais stopper une idée, vous ne pouvez jamais stopper notre religion », a-t-il lancé, soulignant que les manifestations ne cesseraient pas tant que Zakzaky ne serait pas libéré.

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