Un référendum devrait être organisé dans les cinq mois qui viennent pour décider si oui ou non la nation Sidama deviendra un nouvel État de la fédération éthiopienne. La décision du Conseil électoral national intervient quelques heures seulement avant l’expiration du délai d’un an que lui donnait la Constitution pour se prononcer.
Il y a tout juste un an, les dirigeants sidamas, une des nombreuses nations qui peuplent la Région des nations, nationalités et peuples du Sud (RSNNP), située dans le sud-ouest de l’Éthiopie, déposaient une demande de référendum pour former une région autonome. La République démocratique fédérale d’Éthiopie ne rassemble pas moins de onze régions, au sein desquelles vivent différents peuples.
Selon la Constitution fédérale, si une nation formule une telle demande, un référendum doit être organisé au plus tard un an après son dépôt. Jusqu’ici, les autorités fédérales éthiopiennes n’avaient pas donné suite à la requête des Sidamas. Ces derniers comptaient alors déclarer unilatéralement leur autonomie, ce jeudi 18 juillet. Mais dans la soirée, le Conseil électoral national a, finalement, annoncé qu’un référendum d’autonomie devrait être organisé dans les cinq mois à venir. Une manière de prévenir les violences à Hawassa, l’actuel chef-lieu de la RSNNP, que les Sidamas souhaitent prendre pour capitale.
Les partisans de l’autonomie veulent tirer parti de la libéralisation politique impulsée par le Premier ministre Abiy Ahmed, au pouvoir depuis avril 2018, pour pousser leurs revendications. Le chef du gouvernement fédéral se trouve fragilisé par la montée des revendications nationalistes au sein de la fédération éthiopienne. Le 23 juin dernier, l’Éthiopie avait été secouée par des incidents remettant en cause la fédération : le chef de l’état-major des armées et le président de la région Amhara avaient alors été tués lors d’un coup de force d’un groupe extrémiste.
Le gouvernement éthiopien craint ainsi qu’une éventuelle autonomie des Sidamas donne des idées similaires aux autres peuples de cette région multinationale. En particulier les Wolayttas, la deuxième plus importante nation dans cette zone.