Au Burkina Faso, 11 personnes sont décédées dans une cellule de l’unité antidrogue de la police le 15 juillet. Les familles n’ont pas toujours pas accès aux corps des victimes. Elles se sont rendues, mercredi 17 juillet, à la morgue pour le début des autopsies. Un sentiment de colère domine chez ces familles qui ne savaient pas pour la plupart que leurs proches avaient été interpellés dans le cadre d’une opération de lutte contre le trafic et la consommation de drogue.
Saada Sana raconte que dans la nuit du mercredi 10 juillet son oncle et son frère ont été interpellés à leur domicile par la police. La famille n’a jamais pu les revoir jusqu’à l’annonce de leur décès : « Je suis parti jeudi, explique-t-elle. Le commissaire m’a dit de revenir lundi qu’ils vont le faire sortir. C’est lundi matin qu’on m’a appelé. Ils voulaient le numéro de notre père. J’ai donné son numéro et ils ont dit que les gens étaient morts. »
Narcisse Dima était dans son atelier de couture vendredi quand il a reçu un appel l’invitant à venir pour la réalisation d’un clip vidéo, car il faisait aussi de la musique, selon l’un de ses collègues. Il est allé à son rendez-vous et n’a plus donné signe de vie, jusqu’à ce que la police appelle son frère Flavien Dima : « Ils ont cité les noms. C’était le vendredi soir qu’on les a interpellés. Mais un matin, ils ont trouvé les onze morts. À l’heure actuelle, je ne suis pas prêt pour récupérer son corps. Je n’arrive pas à réaliser. C’est difficile. Franchement, c’est difficile. »
Urbain Yaméogo, directeur exécutif du Centre d’information et de formation en matière des droits de l’homme (CIFDHA), dénonce un non-respect des procédures par l’unité antidrogue : « Plusieurs familles ont fait savoir que leur proche avait été interpellé et détenu sans qu’ils n’en soient informés. C’est après maintes recherches que certains ont appris leur arrestation. Cela constitue une entorse aux principes qui garantissent la procédure pénale. »
Les familles rencontrées exigent toute la lumière sur cette affaire avant l’inhumation des corps.
►À lire aussi : Burkina Faso: beaucoup de questions après la mort de 11 personnes en garde à vue