Manuel Chang, l’ex-ministre mozambicain des Finances actuellement détenu en Afrique du Sud, ne sera pas extradé vers Maputo. Le nouveau ministre sud-africain de la Justice a décidé d’annuler une décision pourtant prise le 21 mai dernier par son prédécesseur, et qui avait provoqué la colère des États-Unis qui réclament eux aussi l’extradition de Manuel Chang. Ce dernier est accusé d’avoir touché des pots-de-vin pour un montant de douze millions de dollars dans l’affaire dite des « dettes cachées du Mozambique », un vaste réseau d’emprunts contractés illégalement par l’État pour un montant de deux milliards de dollars.
Manuel Chang est un prisonnier encombrant et la justice sud-africaine ne sait manifestement pas quoi faire de lui. En mai dernier, le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha, annonçait par communiqué vouloir l’extrader vers son pays d’origine pour qu’il y soit jugé.
Deux mois plus tard, son successeur Ronald Lamola annule cette décision, la jugeant « irrationnelle et incompatible avec les traités régionaux signés par Pretoria ». Il s’appuie sur le fait que Manuel Chang bénéficie toujours de l’immunité politique au Mozambique, qu’il n’a pas été inculpé et risque donc de ne pas être jugé à Maputo.
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Le revirement de la justice sud-africaine devrait satisfaire Washington qui avait demandé à Pretoria de reconsidérer sa décision. Car les États-Unis réclament eux aussi Manuel Chang, accusé de fraude et de blanchiment d’argent dans l’affaire de la « dette cachée » du Mozambique. Scandale dans laquelle des investisseurs américains ont été lésés.
Entre 2005 et 2015, Manuel Chang aurait facilité l’octroi de crédit à des sociétés publiques pour un montant de deux milliards de dollars, sans respecter les procédures légales. Pour l’heure, l’Afrique du Sud n’a pas indiqué si elle allait accéder à la demande américaine et extrader vers les USA l’ancien ministre, en prison depuis décembre 2018.