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Pour l’ONU, la situation des droits de l’homme en Érythrée est toujours alarmante

La situation en Érythrée était à l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ce mardi 2 juillet à Genève. La nouvelle rapporteure spéciale, la Chilienne Daniela Kravetz, nommée l’année dernière, a présenté son rapport annuel devant les ambassadeurs. 

Les libertés civiles et politiques continuent d’être bafouées en Érythrée, malgré les promesses de l’accord de paix signé en juillet dernier avec l’Éthiopie. Incarcérations au secret, disparitions forcées, encasernement de la jeunesse, rien n’a changé dans ce pays fermé de la Corne de l’Afrique, selon Daniela Kravetz, la nouvelle rapporteure spéciale sur les droits de l’homme de l’ONU en Érythrée.

« Malheureusement, au cours de cette dernière année, on n’a pas vraiment vu de changement en interne, au niveau domestique, en Érythrée. Vraiment, la situation des droits de l’homme reste la même. Le service national continue à être l’un des facteurs principaux de migration des Érythréens, commente la Chilienne. La deuxième question prioritaire en ce moment pour moi, c’est la question des libertés de religion. On a vu pas mal d’arrestations de chrétiens, de membres de l’Église orthodoxe et aussi des gens de la communauté musulmane qui restent en détention. Il y a toujours des personnes qui sont détenues arbitrairement de manière indéfinie, sans avoir accès à des droits minimaux comme le droit d’avoir un avocat, d’avoir un recours en justice, pouvoir avoir droit à des visites de leur famille. Il y a eu de nouveaux cas d’arrestations arbitraires. Les autorités continuent d’utiliser la détention arbitraire et à durée indéfinie comme une façon de supprimer l’opposition. »

« Un manque d’objectivité » pour les responsables érythréens

En réponse, l’ambassadeur érythréen Tesfamichael Gerhatu a dénoncé des conclusions à visées politiques : « Contrairement aux développements positifs qui ont pourtant été reconnus, le rapport en question continue de nier la réalité du terrain et les réussites de l’Érythrée dans la situation difficile dans laquelle elle se trouve depuis 20 ans, et sa disponibilité pour transformer la réalité socio-économique afin de réaliser les aspirations de son peuple. Ce rapport manque d’objectivité et recycle la plupart des allégations proférées par les rapporteurs spéciaux précédents. L’Érythrée trouve inacceptables les justifications mal conseillées qui sont destinées à préparer le terrain pour le renouvellement de son mandat. Il existe une tentative en cours pour utiliser la situation de paix retrouvée afin de mettre la pression sur l’Érythrée, en utilisant le prétexte des droits de l’homme. C’est un comportement connu. »

Le déni du gouvernement

Daniela Kravetz regrette l’obstruction des autorités érythréennes. Selon elle, il n’existe qu’un seul obstacle à l’amélioration de la situation des droits de l’homme en Érythrée, et c’est le déni du gouvernement d’Asmara : « À mon avis, pour vraiment pouvoir avancer en matière de droits de l’homme en Érythrée, il faut avoir de la part du gouvernement de la volonté politique. Malheureusement, jusqu’à présent, on voit que le gouvernement continue à nier, carrément nier, toutes les questions que moi j’ai soulevées, mais aussi que d’autres interlocuteurs soulèvent de manière réitérée. Évidemment, avec cette attitude-là, c’est difficile d’avancer. C’est difficile de vraiment entamer un dialogue constructif. Je pense qu’un premier pas pour pouvoir mettre en œuvre les recommandations que j’inclus dans mon rapport, ce que de la part du gouvernement, il doit avoir un changement d’attitude et une vraie volonté politique de changer la situation. »

Dirigée d’une main de fer par le président Issaias Afeworki depuis son indépendance en 1993, l’Érythrée figure systématiquement dans les dernières places des classements internationaux en matière de libertés politiques, d’expression ou de respect des droits de l’homme.

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