En Gambie, la justice transitionnelle se heurte pour la première fois à la résistance d’un témoin. Yankuba Touray, ex-ministre et ancien membre de la junte militaire qui a pris le pouvoir en 1994, a refusé de s’exprimer. Les deux jours d’audition qui lui étaient consacrés ont été annulés. La cinquième session de la Commission vérité et réconciliation s’achève prématurément.
Devant la Commission vérité et réconciliation, Yankuba Touray est venu dire qu’il ne parlerait pas. L’ancien membre de la junte gambienne, accusé d’avoir participé à des exécutions sommaires, a fait preuve d’une grande désinvolture. « Je ne reconnais pas la légitimité de cette Commission alors même que je dispose d’une immunité constitutionnelle, a-t-il déclaré. Je ne continuerai pas plus loin ».
Arrestation en direct à la télévision
L’immunité constitutionnelle est contestée par la Commission. L’avocat général Essa Faal a dénoncé le comportement de Yankuba Touray. Il estime qu’on ne peut pas être intouchable quand on a commis des crimes contre l’humanité.
« Monsieur Touray n’a pas le droit de refuser de répondre aux questions de la Commission, a-t-il affirmé. Nous vivons un moment difficile. C’est la première fois que l’autorité de la Commission est à ce point contestée. La première fois qu’un témoin traite la Commission avec autant de mépris ».
Yankuba Touray a été immédiatement arrêté par la police, en direct à la télévision, pour avoir refusé de répondre aux questions de la Commission. Le procureur doit ensuite décider d’éventuelles poursuites.
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