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RDC: le climat des affaires reste difficile

Avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, les Congolais espèrent une amélioration de leur niveau de vie, ce qui passe par le développement de l’économie. Ce, alors que la RDC reste l’un des pays les moins attractifs du continent pour les affaires.

Laurent Mwashirwa Noterman regarde avec fierté la centrifugeuse à fruits qui constitue le cœur de son entreprise Jambo, premier fabricant de jus de fruit congolais. L’aventure a débuté il y a sept ans et ce ne fut pas une partie de plaisir.

« Les coûts de production sont assez élevés », explique-t-il. D’ailleurs, « pas mal de gens se demandent comment se fait-il qu’un jus produit localement soit tout aussi cher, parfois plus, qu’un produit importé. Les matières premières coûtent énormément, le transport, les taxes ». Et l’entrepreneur n’a « malheureusement, jamais » été aidé par les autorités et l’administration.

« Un appétit nouveau »

La RDC n’est pas un pays attractif pour les entreprises, pourtant les milieux d’affaires attendent beaucoup des nouvelles autorités. « On a des gros groupes internationaux qui sont en train de nous demander des informations, des plans de recrutement. Donc on voit un appétit nouveau pour le Congo », se réjouit Ludovic Houssard, le vice-président de la Chambre de commerce internationale franco-congolaise, qui commence à sentir un frémissement dans l’activité.

« Maintenant, on est encore dans une phase attentiste. Le gouvernement n’est pas encore en place. Donc on peut avoir de l’espoir pour les prochains mois, mais cela ne se traduit pas encore par une reprise de l’activité immédiate », tempère néanmoins celui qui dirige aussi Servtech, une société de placement et d’intérim qui fournit en main-d’œuvre les entreprises étrangères.

Un « changement » d’état d’esprit…

Pour Jean-Claude Tshipama, qui travaille dans les télécommunications, le nouveau président Félix Tshisekedi présente l’avantage d’être probusiness. « Nous n’avions jamais vu à l’époque un président de la RDC dans un forum économique. Et nous avons eu un petit-déjeuner à Kigali dans le cadre du CEO forum, pour moi c’est un changement de mindset. »

Un changement d’état d’esprit donc, qui s’est concrétisé cette année par un allégement des conditions d’entrée et de visa pour la diaspora congolaise. Johnny Bonyeme est justement un entrepreneur de la diaspora. Il vient de se lancer dans les entrepôts frigorifiques. Pour lui, il est impératif d’aider la diaspora à revenir en RDC : « Ce changement de régime amène à cette réflexion-là, amène à ce que les gens se libèrent. Et ça, c’est important dans le développement d’un pays comme le Congo ».

… Mais des signaux contradictoires

Reste que si la diaspora est courtisée, certains entrepreneurs étrangers s’inquiètent d’une circulaire récente durcissant les conditions de résidence des étrangers. Et c’est tout le paradoxe congolais. Les signaux sont brouillés. Ainsi beaucoup se plaignent d’un harcèlement fiscal continuel malgré une baisse de dix points ces cinq dernières années de l’impôt sur les sociétés.

« Quand vous êtes opérateur économique dans le pays et que vous voyez un papier avec en-tête de la RDC, vous stressez. Pourquoi ? Parce que c’est un contrôle. Vous pouvez avoir dans un mois, trois ou quatre contrôles. Et tout ça, ce sont des mécanismes pour faciliter la corruption. Ça n’aide pas », s’agace Jean-Claude Tshipama.

Le Fonds monétaire international, qui vient de séjourner en RDC, préconise des réformes en profondeur. Il dénonce la multiplication des régies fiscales, et celles des comptes du Trésor à la Banque centrale, considéré comme des sources de corruption.

► LIRE AUSSI : RDC, les recommandations du FMI après 15 jours de mission

Le président de la Chambre de commerce international franco-congolaise, Ambroise Tshiyoyo réclame lui un respect des règles juridiques : « Nous voulons qu’il y ait une sécurité juridique et judiciaire qui va amener de nouveaux investissements. C’est important. Assurer le respect de la propriété privée et du bien commun. Ce serait un point de départ fondamental ».

Reste aussi à connaitre la marge de manœuvre du nouveau président. Peut-on faire une nouvelle politique avec les hommes d’hier ? À cet égard, il faut noter que le nouveau Premier ministre était secrétaire général de la commission de réforme des entreprises publiques lors des ventes suspectes qui ont amené le FMI à quitter le Congo fin 2012. Quant au PDG de la Gecamines, la grande compagnie minière, impliqué à l’époque, il vient d’être reconduit dans ses fonctions.

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