Ces trois journées d’ultime hommage à Étienne Tshisekedi se sont déroulées dans un contexte particulier, alors que le fils de l’éternel opposant, Félix Tshisekedi, a accédé à la présidence en janvier et est désormais lié par un accord politique à l’ex-président Kabila, l’un de ceux que son père a farouchement combattus de son vivant, qu’il avait accusé entre autres de lui avoir volé la victoire en 2011. Quel bilan tire-t-on en RDC de cet événement à forte portée symbolique et politique pour le nouveau chef de l’État ?
Du côté de l’UDPS on salue une « réussite », des obsèques à la hauteur de l’événement et du grand « baobab » qu’était Étienne Tshisekedi. « La présence de plusieurs chefs d’État africains montre que le président congolais conquiert petit à petit les cœurs de ses pairs », souligne notamment Juvenal Munubo, député UNC, membre de la coalition au pouvoir.
Particulièrement remarqué, le Rwandais Paul Kagame qui n’était plus venu en RDC depuis 2010. Une présence qui n’a toutefois pas été du goût de tout le monde, dans l’est du pays notamment où l’influent voisin suscite toujours beaucoup de méfiance et où les hommages rendus à Étienne Tshisekedi n’ont pas suscité d’engouement.
De manière générale, le mouvement citoyen Lucha note la « mobilisation timide » du peuple congolais, y compris dans la capitale. « La faute à un malentendu », assure un cadre de l’UDPS, « les gens pensaient qu’il fallait une invitation pour entrer au stade », estime-t-il tout en se félicitant d’une affluence accrue samedi comparé à la veille.
On retiendra aussi que ces hommages à une figure dont chacun salue l’héritage aujourd’hui au Congo n’auront pas été l’occasion d’apaiser le climat postélectoral, du fait de l’absence des principaux leaders de l’opposition, notamment Martin Fayulu, qui a longtemps travaillé aux côtés d’Étienne Tshisekedi à qui l’ont aurait fait comprendre « qu’il n’était pas le bienvenu », selon lui.
Le comité d’organisation ne m’a pas envoyé une invitation…
Dans la tradition africaine, on n’invite pas pour participer à un deuil…
« Une exclusion insupportable », dénonce Bienvenu Matumo de la Lucha, pour qui au final, au sein de la classe politique « les détracteurs » du Sphynx de Limete de son vivant auront été les plus nombreux « à pouvoir l’honorer ».
À noter que Joseph Kabila, dont l’entourage avait annoncé la possible présence, n’a pas pris part à l’hommage officiel samedi au stade des Martyrs. Il était représenté par son ancien directeur de cabinet Néhémie Mwilanya, également coordonnateur du FCC, la coalition de l’ex-président.