Au Bénin, 64 personnes arrêtées et poursuivies, entre autres pour « attroupements non armés » lors des évènements sanglants post-électoraux des 1er et 2 mai derniers à Cadjehoun, ont comparu hier, mardi 28 mai, devant le juge des flagrants délits. On notait une présence policière au Palais de justice. Mais on n’est pas allé au fond du dossier, le juge s’est déclaré incompétent et a renvoyé tous les prévenus devant le juge d’instruction pour complément d’enquête. Les avocats ne sont pas contents.
La salle d’audience est pleine. Les bancs réservés aux détenus sont presque tous occupés. Ils sont 64 prévenus avec des profils différents: il y a des artisans, des étudiants, des enseignants, des charlatans et un élu local.
A la barre, dès que le juge finit de poser l’inculpation, le ministère public demande systématiquement à la Cour de se déclarer incompétente. Il sera suivi, tout le temps, ce qui déclenche la colère de la défense comme Me Renaud Agbodjo
« C’est une réaction de dépit. C’est une décision rendue en toute méprise des droits de la défense. Tel que nous le pressentons, le juge d’instruction prendra son temps. Pour le nombre de personnes inculpées l’instruction ne sera clôturée au plus tôt pas avant six mois. »
«C’est un refus de juger », lance un de ses confrères.
« Ne vous ralliez pas au camp de l’injustice et de l’arbitraire, la roue tourne, le pouvoir n’est pas éternel », dit un autre.
Le président reste imperturbable et donne parfois la réplique.
Me Mounirath Tayirou, avocate, ne veut pas en rester là. « Moi je relèverai appel puisque je ne suis pas satisfaite de la décision », nous confie t-elle.
Au terme de l’audience, le président renvoie tous les prévenus devant le juge d’instruction. Il est 22 heures.
Le juge des libertés prend alors le relais. Il décidera si les prévenus doivent retourner en prison ou non au cours des investigations.
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