En Guinée, les principales organisations de défense des droits de l’homme du pays se sont réunies lundi pour exprimer leur désaccord avec le projet de nouvelle Constitution qui risque, selon elles, de déstabiliser le pays et de provoquer de nouvelles violences. Si le président de la République n’a pas encore fait part de ses intentions, certains cadres laissent entendre que l’entrée dans une nouvelle République remettrait en quelque sorte « les compteurs à 0 », lui permettant de briguer un troisième mandat.
« C’est un projet illégal et dangereux », clament les organisations de défense des droits de l’homme réunies pour alerter sur les conséquences d’une révision constitutionnelle.
« Je crois qu’un tel projet, c’est un grand risque et qu’il y a des cas comme ça. Les manifestations ce sont des tirs à balles réelles, ce sont des morts d’hommes, ce sont des blessés, ce sont des arrestations illégales. Et aussi cela joue sur le développement économique et social du pays », estime Maître Hamidou Barry, de la Coalition guinéenne pour la Cour pénale internationale (CGCPI).
Au terme de son Assemblée générale hebdomadaire et en présence de plusieurs ministres, ce samedi 18 mai, le parti au pouvoir s’est officiellement prononcé « pour » le changement de Constitution afin d’en « moderniser les institutions ».
Référendum ou vote à l’Assemblée
Un positionnement évident pour Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) : « On n’a pas besoin d’aller à la violence pour dire oui ou non. Les pour doivent s’exprimer librement, les contre doivent s’exprimer librement. Et finalement, personne n’a le droit de s’exprimer au nom du peuple. Maintenant que le débat est installé, nous allons certainement publier l’avant-projet. Nous allons ramener le débat à plus d’objectivité. Est-ce que le président a proposé une nouvelle Constitution et est dans l’illégalité ? Non. Est-ce que la nouvelle Constitution lui permet d’être candidat de nouveau ? Et s’il est candidat, est-il dans l’illégalité ? Non. »
L’actuelle Constitution guinéenne, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, peut être révisée soit par référendum, soit par la majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale.