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Le printemps de la presse éthiopienne

La Journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée ce 3 mai par l’Unesco pour la 26e année. Le thème 2019 : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ». Des événements ont lieu dans différents endroits du monde mais la capitale de la liberté médiatique, ce vendredi, est en Afrique. Addis-Abeba accueille en effet les cérémonies et conférences jeudi et vendredi.

L’Éthiopie est un pays en plein changement depuis l’arrivée d’Abiy Ahmed au pouvoir en avril 2018, sur de nombreux plans.

C’est le cas du secteur médiatique. L’accès à 264 sites internet est à nouveau autorisé, des médias se créent. Le pays fait un énorme bond de 40 places au dernier classement de Reporters sans frontières (110/180 pays), publié il y a deux semaines (18 avril). De nombreux journalistes sont rentrés d’exil, sortis de prison ou tout simplement plus libres.

« Bonheur »

Parmi eux, Mesfin Negash, revenu fin 2018, après neuf ans d’exil. Il avait dû fuir précipitamment avant de se faire arrêter en vertu de la loi anti-terroriste. « Bien sûr le bonheur est là mais ce n’est pas le bonheur habituel. Je ne sais… si vous n’avez jamais été dans ma situation, la définition de votre bonheur ne ressemblera pas à ce que j’ai ressenti ce jour-là. »

En 2014, RSF estimait que 30 journalistes avaient fui le pays. Dix-sept étaient en prison. Et pour les journaux qui publiaient encore, Biruh Yihunbelay, rédacteur en chef du bihebdomadaire The Reporter, nous explique : « Nous nous auto-censurions car certains des sujets sur lesquels nous voulions écrire pouvaient nous conduire en prison. Nous le savions, donc nous ne franchissions pas les lignes rouges, c’est ce que nous faisions à cette époque. »

Une époque qui semble déjà loin. Aujourd’hui, les lois qui servaient à attaquer les médias sont en train d’être revues.

Tout n’est pas parfait

Mais tout n’est pas parfait selon Befeqadu Hailu, blogueur et journaliste, qui  lors d’une conférence de l’ONU. « En novembre 2018, un groupe de journalistes est allé dans l’État régional de Gambella pour un reportage. Ils ont demandé aux officiels régionaux leur réaction et se sont fait enlever, intimider et même frapper pour l’un d’eux. »

Selon Befeqadu, les menaces contre les journalistes proviennent désormais davantage des acteurs non-étatiques, alimentés par les réseaux sociaux notamment. Le gouvernement souhaite faire voter une loi sur les discours haineux et les fausses informations. Une décision qui divise…

■ Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali, est le lauréat de l’édition 2019 du prix Félix Houphouët-Boigny-Unesco pour la recherche de la paix, notamment pour avoir rétabli les relations avec l’Érythrée, l’ancien ennemi juré du pays.

■ La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, en visite officielle en Éthiopie dans le cadre de la conférence internationale organisée pour la Journée mondiale de la liberté de la presse, doit s’y entretenir avec le Premier ministre Abiy Ahmed et « lui faire part de ses chaleureuses félicitations ». Elle doit aussi y assister à la cérémonie du prix mondial de la liberté de la presse Unesco/Guillermo Cano, décerné cette année aux reporters de Reuters emprisonnés en Birmanie, Kyaw Soe Oo et Wa Lone.

■ À l’invitation de l’Unesco, Cartooning for Peace organise une session dans le cadre du colloque à l’Union africaine autour de la liberté d’expression (3 mai), la rencontre unique de 15 dessinateurs de presse africains à l’Alliance éthio-française suivie d’une conférence de presse (4 mai) et la création d’une exposition sur les médias avec un focus sur l’Afrique.

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Dessin de Willy Zekid, du Congo-Brazzaville. © Willy Zekid

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