En Algérie, ce vendredi 5 avril est la première journée de mobilisation depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika mardi soir. Une journée test pour les autorités.
Une démission, une lettre d’excuse, de premières mesures d’ouverture annoncées pour les associations et les syndicats. Il y a eu du changement et des gestes d’apaisement cette semaine. Désormais vitrine du nouveau pouvoir, le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, a affirmé qu’il fallait privilégier la solution constitutionnelle.
Il s’est attaqué aux hommes d’affaires, des cercles proches du frère du président Abdelaziz Bouteflika et plusieurs d’entre eux sont désormais sous le coup d’enquête préliminaire pour corruption. Une mesure qui a de l’importance, puisque, ces hommes d’affaires sont eux aussi visés par des slogans dans les manifestations.
La question du rôle de l’armée
Certains estiment que l’armée est du côté du peuple et qu’il faut l’en remercier. D’autres pensent que le respect de la Constitution n’est qu’un prétexte, tant la Constitution a été modifiée ces 20 dernières années, et s’inquiètent du rôle que les militaires pourraient désormais jouer. Aux yeux des observateurs, si l’armée a demandé le départ du président, c’est pour mieux protéger le système.
Ainsi, des associations ont estimé cette semaine que ce qui avait été choisi est « l’option de la transition clanique au sein même du pouvoir ». Ces associations réclament une transition indépendante du système et ont appelé à manifester ce vendredi pour maintenir la pression.
« Qu’ils partent tous »
Car un slogan persiste : « Qu’ils partent tous ». Or, aujourd’hui ce sont des purs produits du système qui, en théorie, restent à la tête de l’Etat pour assurer la transition. Et le chef d’état-major a beau faire partie de l’armée, il ne pourra pas faire oublier le fait qu’il a toujours été proche du président.
Les manifestants ont des attentes concrètes : moins de corruption, plus de transparence, les mêmes chances pour tout le monde, plus de libertés individuelles. Mais surtout, des élections sans fraude. Des élections que les autorités de transition doivent organiser dans trois mois.
Semaine après semaine, manifestation après manifestation, les Algériens ont réussi un coup de force et ont fait plier le pouvoir. Vont-ils s’arrêter en si bon chemin ? Ou sont-ils au contraire rassurés par les annonces de l’armée qui propose « une feuille de route » ? La rue montrera ce vendredi le degré de confiance qu’elle accorde à cette solution constitutionnelle.