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Algérie: les étudiants dans la rue malgré l’annonce de la démission du président

Fin de règne en Algérie, Abdelaziz Bouteflika démissionnera avant la fin du mois. D'ici là, la présidence doit prendre « d'importantes décisions ». De leur côté, les manifestants réclament toujours la fin du « système » et les étudiants sont de retour dans les rues d’Alger.

Les étudiants ont défilé dans les rues d’Alger toujours avec la même ferveur, même s’ils étaient moins nombreux aujourd’hui, du fait des vacances scolaires. Une nouvelle fois, les étudiants se sont donné rendez-vous dans le centre-ville pour dire que l’annonce de la démission d’Abdelaziz Bouteflika n’a rien réglé.

C’est ce que pense Fara 27 ans, étudiante en sciences : « Non, non, ça ne règle vraiment pas le problème. Pour l’instant, on a l’impression qu’on se moque de nous. Parce que nous avons demandé à ce que tout le monde dépose une démission. Pas que Bouteflika. Tous dans le système ! On ne veut plus de corruption, on ne veut plus rien de ce système. »

À ses côtés, son amie Sonia, 20 ans, est du même avis : « Nous ne voulons plus de ce pouvoir ! Nous demandons un départ de ce pouvoir et un nouveau gouvernement qui sera à l’image des jeunes, qui nous représente ! »

Nouvelle manifestation vendredi

Les chansons, les slogans, rivalisent d’originalité. « Le pronostic vital de ce système est engagé », pouvait-on lire sur des banderoles, ou encore : « Vos intérêts sont en Algérie, mais nous, notre intérêt c’est l’Algérie ». Le message, six semaines après le début de la contestation, est qu’il faut rester mobilisé face à un pouvoir qui lâche trop peu.

« Le plus important c’est que le peuple n’arrête pas. Même s’ils essaient de nous casser, de nous briser, de nous séparer. Le peuple doit rester réuni. Parce que là, on nous met devant le fait accompli, avec l’application du 102. Il faut montrer que le peuple n’est pas d’accord et que les modalités d’application de l’article 102 sont refusées en tant que telles. Parce que, avec ce gouvernement actuel, sans une transition réelle, sans une autre instance des élections, il n’est pas possible pour nous d’accepter ces conditions-là », estime Anis, 19 ans, est étudiant en polytechnique.

Les étudiants refusent la transition telle qu’elle est proposée pour le moment par le pouvoir. Ils demandent une transition plus longue, gérée par des personnalités choisies par le peuple, pour avoir de vraies élections. Et en tant qu’étudiants, tous, comme Anis, se disent investis d’une responsabilité : « En tant que jeunes, en tant qu’étudiants, le futur c’est à nous de le construire. Ce n’est pas à eux. Eux, ils ont fait quoi ? Ils ont eu vingt ans de règne et ils n’ont rien fait. Vous voyez… Mais nous, les jeunes, on est prêts. On est prêts à reconstruire ce pays d’A à Z. »

Rendez-vous est donc donné vendredi à tout le pays pour une nouvelle contestation populaire et joyeuse.


■ Quelles annonces avant le 28 avril ?

D'ici le 28 avril, le pouvoir souhaite prendre « d'importantes décisions pour assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'État durant la période de transition » sans plus de précision. Il pourrait y avoir d'abord la nomination d'un nouveau président du Conseil de la nation. C'est lui qui est censé assurer l'intérim après la démission effective d’Abdelaziz Bouteflika. L'actuel, Abdelkader Bensalah, 77 ans, est une personnalité rejetée, symbole du système actuel.

Un changement de gouvernement n'est pas exclu non plus. Le Premier ministre Noureddine Bedoui n’a la confiance ni des politiques ni des manifestants. Le gouvernement remanié de dimanche ne répond en aucun cas aux attentes. Il pourrait aussi y avoir des nominations à la tête d'institutions de l'État, comme un gage de transparence. Que ce soit à la tête des médias publics ou encore de la banque d’Algérie, selon le site algérien TSA.

Certains réclament aussi l'élection d'une constituante et pas d'un nouveau président dans l'immédiat. Ce que l’on peut dire sans trop se tromper, c'est que le pouvoir va devoir être inventif. Car le scénario d'une transition classique, telle que prévue par la Constitution, ne suffira pas.

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