Au Mali, l'opération Barkhane annonce un déploiement dans la durée, dans la région du Gourma afin de lutter contre les groupes terroristes. A Gossi, à environ 150 kilomètres de Gao, une base avancée est en train de sortir de terre sur un ancien site de l'ONU et des Forces armées maliennes (FAMA).
De notre envoyé spécial
Dans un nuage de poussière ocre, les tractopelles de Barkhane sont en action pour terminer l'aménagement de la base de Gossi. Située à un carrefour économique, sur la route nationale 16, elle ne dispose pas encore de plateforme pour les hélicoptères, ni même d’eau courante, mais elle pourra dans un avenir proche accueillir quelques centaines de soldats et servir de point de relais à Barkhane dans la région du Gourma, où les forces françaises comptent lancer régulièrement des opérations non loin de la frontière avec le Burkina Faso.
« La base opérationnelle avancée tactique (BOAT) de Gossi, c'est un quadrilatère de 200 sur 300 mètres environ qui sera agrandi, car pour l’heure c’est une base en cours de construction, principalement sur la partie vie. Gossi doit devenir une base avancée permanente pour disposer d'une position qui sera une sorte de base d'assaut pour partir dans le Gourma, explique ainsi le capitaine François, commandant du site. Quand Barkhane est arrivée ici, il restait le mur d'enceinte, et un réseau électrique et d'assainissement à peu près en état. Il y avait aussi quelques zones bétonnées sur le camp, ce qui a permis de commencer à s'installer ».
Des katibas terroristes encore actives
Dans la région du Gourma, plusieurs katibas terroristes sont encore actives. Gossi est située à 5 kilomètres de la base. La ville est considérée comme un carrefour de ravitaillement des groupes terroristes (GAT). Elle est située sur un axe vital : la route de Bamako.
Barkhane affiche sa présence dans Gossi depuis le début de l'année. Sur l’axe commerçant à l’entrée de la ville, le lieutenant Gauthier et ses hommes patrouillent en casque lourd et gilet pare-balles. « Depuis que Barkhane est à Gossi, la population a plus de facilité à circuler, car la RN16 est devenue beaucoup plus sûre, notamment grâce aux forces partenaires qui escortent les convois depuis l'ouest du Mali jusqu'à l'est. Le trafic reprend, on voit de plus en plus de bus sur le bord de la route et les gens reprennent un peu confiance pour circuler. C'est une bonne chose », se félicite le lieutenant Gauthier.
Carrefour économique
À Gossi, Barkhane estime que la population est favorable à la force française, mais les habitants parlent parfois avec une certaine réticence. Vêtue d'un boubou coloré, une femme s'avance vers les militaires et s'adresse à eux dans un français hésitant. « Tout va bien », dit-elle. « Lorsque Barkhane est là, la sécurité est là (…) On fait ce qu'on veut à présent, avant on avait dû s'en aller jusqu'à Bamako, depuis que Barkhane est revenue, nous sommes revenus ici. »
Plus loin sur le marché, dans son échoppe vide, Amil Alassane Maiga, cordonnier de métier, se désespère : à cause de l'insécurité, les clients ont déserté. « Rien ne marche. Même ceux qui ont les moyens ont peur de se déplacer à cause de l'insécurité, déplore-t-il. Si vous avez de l'argent avec vous, en cours de route, on vous braque et on vous le prend. Moi, je voudrais partir d’ici. »
En s'installant durablement à Gossi et dans la région, les militaires français et leurs partenaires maliens espèrent désormais reprendre le terrain longtemps laissé aux jihadistes et aux coupeurs de routes.