Les Comores sont toujours dans l’attente de la proclamation par la Cour suprême des résultats définitifs de la présidentielle du 24 mars. Mais l’opposition ne reconnaît plus le pouvoir et a formé un Conseil national de transition, tandis que le pays a été secoué par l’attaque d’un camp militaire qui a fait trois morts jeudi dernier. Lundi 1er avril, des organisations de la société civile ont organisé, à l’hôtel Retaj de Moroni, un rassemblement pour appeler à la paix.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées avec affiches ou t-shirt marqués « Pas d’unité sans paix » ou encore « La paix n’a pas de prix ».
Universitaire, le Dr Saïd Omar est venu à cause de l’attaque du camp de Kandaani. « On essaie de nous faire revenir aux années Bob Denard. Cela fait quelques années que l’on commençait à avoir une certaine stabilité et ça les choque », estime-t-il.
L’événement se veut apolitique. Pourtant les t-shirts, casquettes, badges à l’image du président Azali sont nombreux. Abdourassoul Abdourahamane, du mouvement Sindekina, un des organisateurs, dément toute récupération politique. « Personnellement on me traite de tous les noms. Vous allez me dire que si je fais appel à la stabilité, c’est de la corruption, se défend-il. Mais moi j’ai confiance dans ce pour quoi je milite aujourd’hui. On condamne les actes des leaders politiques de se déclarer un gouvernement qui n’est pas légal [l'opposition qui ne reconnaît plus le pouvoir a formé un Conseil national de transition, NDLR]. Conséquence : il y a eu trois morts. Donc cela nous a poussés aujourd’hui à faire appel à la paix, parce que la paix c’est notre richesse aux Comores. »
Parmi les participants, on trouve toutefois des personnalités de la majorité, comme Ibrahim Soeuf, secrétaire général du parti présidentiel CRC. « On reste à la maison, on entend qu’il y a des gens qui sont assassinés, qui sont fusillés un peu partout. Cela a réveillé de mauvais souvenirs, rapporte-t-il. Nous on fait de la politique et on n’a jamais fait ça. On manifeste par des communiqués tout ce qui ne nous plaît pas, donc nous sommes venus dire : on ne veut pas de ça. »
Les organisateurs demandent aux candidats mécontents de suivre les voies légales. Désormais on attend, sans trop de suspense, la proclamation finale des résultats par la Cour suprême.